Depuis plusieurs semaines en Allemagne, des inquiétudes s’expriment sur la santé de l’économie française et certaines voix jugent insuffisantes les réformes entreprises par le gouvernement socialiste. Le Premier ministre a répondu d’emblée à ces critiques qui, assure-t-il, n’émanent pas du gouvernement allemand. "La France n’a pas besoin de leçon", déclare-t-il dans une interview publiée dans la matinée par la Sí¼ddeutsche Zeitung.
Il a pourtant passé vingt minutes à défendre sa politique lors d’un colloque organisé par ce même quotidien dans un grand hô tel berlinois. Il a expliqué que son gouvernement s’était attelé à la "tâche impérieuse" de redresser l’économie française. Il a notamment assuré du "sérieux budgétaire" de l’Hexagone, affirmant que le déficit public serait ramené à 4,5% du PIB cette année et à 3% en 2013.
Le Premier ministre a confié attendre "beaucoup" de la négociation entre les partenaires sociaux sur la sécurisation des parcours professionnels. Si elle aboutit, elle constituera "un tournant historique" dans l’organisation du marché du travail français, a-t-il souligné.
Une action publique à la fois "plus économe" et "plus efficace"
Jean-Marc Ayrault a en outre fait valoir que les mesures contenues dans le pacte de compétitivité qu’il a présenté le 6 novembre sont "sans précédent pour la France par leur ampleur: 20 milliards d’euros d’allègement du coût du travail pour les entreprises". Il a promis que les économies de dépenses à venir seraient elles aussi "sans précédent". Elles résulteront de réformes structurelles qui rendront l’action publique à la fois "plus économe" et "plus efficace", a-t-il affirmé.
Invitée lors d’une conférence de presse à commenter ce pacte de compétitivité, Angela Merkel a refusé d’émettre le moindre avis. "Vous n’attendez quand même pas sérieusement que je commence à noter ce qui se passe en France, tout comme le Premier ministre s’abstiendra bien de noter ce que nous entreprenons", a répondu la chancelière conservatrice. Elle a simplement ajouté: "De tout coeur, je souhaite le plein succès de ce qui a été engagé en France".
Avant cette conférence de presse conjointe, elle a accueilli Jean-Marc Ayrault à la Chancellerie avec les honneurs militaires, habituellement réservés aux chefs d’Etat, et s’est entretenue en tête-à-tête avec lui.
Avant cette rencontre, l’ancien professeur d’allemand a estimé que Berlin et Paris devaient faire preuve d’empathie mutuelle. "Pour de bonnes relations franco-allemandes, il faut un état d’esprit, un état d’esprit d’empathie", a déclaré le Premier ministre devant l’ambassade de France à Berlin, tout près de la porte de Brandebourg.
Le Premier ministre français a ensuite déjeuné avec des dirigeants syndicaux allemands. Au menu de la discussion: "comment peut-on négocier de bons accords pour que les réformes utiles (…) à un pays qui veut se redresser soient réussies". Selon lui, "l’expérience allemande de ce point de vue peut être utile".
Vendredi matin, il prendra son petit-déjeuner à l’ambassade avec des dirigeants du Parti social-démocrate allemand (SPD, opposition de centre-gauche). Au cô té d’Angela Merkel, il a estimé que "la relation franco-allemande (…) ne peut fonctionner que si elle est, je dirais, í¼berparteilich" (au-dessus des partis).