Australie: début d’audience cruciale pour le numéro trois du Vatican

Le numéro trois du Vatican, le cardinal australien George Pell, se retrouve à partir de lundi devant la justice australienne qui doit déterminer s’il peut être jugé pour des agressions sexuelles anciennes.

Le prélat de 76 ans, l’un des plus proches conseillers du pape François, est en congé afin de pouvoir combattre les accusations portées contre lui. Il a été inculpé en juin 2017 pour "des délits d’agressions sexuelles" qui auraient été commis il y a très longtemps et qu’il dément catégoriquement.

Les détails et la nature précise des faits présumés n’ont pas été rendus publics, les autorités se bornant à évoquer des "plaignants multiples".

L’un des chefs d’inculpation a été abandonné vendredi, la presse australienne expliquant cette décision par le décès d’un plaignant.

L’audience devant le tribunal de Melbourne doit durer quatre semaines. Une cinquantaine de témoins pourraient être convoqués. Les débats se dérouleront à huis clos le temps de leur témoignage, ce qui pourrait prendre jusqu’à deux semaines.

Puis, le tribunal devra décider si le dossier est suffisamment solide pour justifier le renvoi du prélat en procès.

Les avocats du cardinal Pell ont fait savoir qu’une de leur ligne de défense serait de tenter de déterminer à quel moment les plaignants avaient porté pour la première fois leurs accusations dans l’espoir de prouver qu’il s’agit "d’inventions récentes", a rapporté le groupe de médias Australian Broadcasting Corporation.

L’ancien archevêque de Sydney et Melbourne s’est déjà rendu par deux fois devant le tribunal, en juillet et en octobre, pour des audiences préliminaires.

S’il n’a pas fait encore fait connaître officiellement sa position à la justice, il a donné l’ordre dès le départ à son équipe de défense de dire clairement qu’il entendait plaider non coupable.

"Pour éviter tout doute, et à cause de l’intérêt (pour l’affaire), je pourrais indiquer que le cardinal Pell plaide non coupable de tous les chefs et soutiendra son innocence qui reste présumée", avait dit en juillet son avocat Robert Richter.

Le cardinal Pell, qui n’était pas obligé de se présenter aux audiences préliminaires, avait choisi de le faire pour laver son honneur. Il devrait également être présent lundi au tribunal.

Le scandale a provoqué une onde de choc en Australie, puisque M. Pell est le plus haut représentant de l’Eglise inculpé dans une affaire d’agression sexuelle présumée.

L’annonce de son inculpation avait coïncidé avec la fin, par ailleurs, d’une longue enquête nationale portant sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux abus sexuels commis sur des enfants. Le gouvernement avait ordonné son ouverture en 2012 après une décennie de pressions de la part des victimes.

La commission d’enquête royale ayant conduit pendant quatre ans les investigations avait recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes d’abus pédophiles dans les églises, les orphelinats, les clubs de sport, les organisations de jeunesses et les écoles.

Le cardinal Pell avait été entendu trois fois dans ce cadre et avait reconnu avoir "failli" dans sa gestion des prêtres pédophiles dans l’Etat de Victoria dans les années 1970.

En décembre, la commission d’enquête avait conclu que les institutions australiennes avaient "gravement manqué à leurs devoirs" envers les enfants pendant des décennies.

Elle avait recommandé entre autres une modification du droit canonique afin d’instaurer le célibat volontaire et non plus obligatoire pour les prêtres.

L’ecclésiastique avait été ordonné prêtre en 1966 à Rome, avant de revenir en Australie en 1971 où il avait gravi les échelons de la hiérarchie catholique.

Nommé archevêque de Melbourne en 1996, puis de Sydney en 2001, il avait été choisi en 2014 par le pape François pour mettre davantage de transparence dans les finances du Vatican.

La hiérarchie catholique australienne est montée au créneau pour défendre "un homme profondément décent". L’archidiocèse de Sydney prend en charge le logement du prélat durant son combat judiciaire mais pas ses frais d’avocat, qui pourraient se chiffrer en centaines de milliers de dollars australiens. (afp)

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