Aubry et Strauss Kahn affûtent leur profil de candidat

Et si les primaires devant l’opinion entre Dominique Strauss Kahn, directeur général du FMI et Martine Aubry, première secrétaire du PS ont déjà commencé ? La question est d’autant plus légitime que sur de nombreux sujets, les deux personnalités donnent cette étrange impression d’appartenir à deux familles politiques différentes. La langue du politiquement correct du parti socialiste voudrait que ces différences soient le fruit d’une diversité de courant, d’une pluralité de visions au sien d’une même chapelle. Mais la réalité peut s’avérer beaucoup plus tranchante : les deux personnalités sont loin de chevaucher la même idéologie.

Aubry et Strauss Kahn affûtent leur profil de candidat
Le sujet qui illustre à merveille ce fossé est celui, chaud bouillant, de la retraite. Nicolas Sarkozy voudrait faire de la reforme de ce dossier épineux qui avait mis à genoux les gouvernements les plus déterminés, un cheval de bataille pour retrouver l’estime et la confiance des français. Tout se joue pour lui sur deux points essentiels : le recul de l’âge de la retraite au-delà de 60 ans et la taxation des hauts revenus pour participer à combler les déficits.

Dans ce débat que la gauche attend, armée de gourdins piquants et de flèches empoissonnées, 60 ans est un chiffre symbolique. Le remettre en cause équivaut à faire passer par pertes et profits un grand acquis historique. Ce dogme de 60 ans a été au cœur d’un échange à fleurets mouchetés entre Dominique Strauss Kahn et Martine Aubry.

A peine avait-elle senti que le patron du FMI, dont la posture favorite et de suggérer sa disponibilité pour la bataille présidentiel plutôt que de l’acclamer, avait bougé sur le sujet qu’elle opère une grande clarification. Elle promet de rétablir la retraite à 60 ans si la gauche revient au pouvoir en 2012. Martine Aubry avait donné cette impression d’être aux aguets, de ne plus laisser la moindre occasion pour marquer sa différence et pourquoi pas son autorité.

Cette menace n’est pas un simple effet de style. Elle est lourdes conséquences et suggère des divorces en cours. Signe que cette sortie fut lourde de sens, le PS s’est empressé de minimiser les divergences entre Martine Aubry et DSK sur les retraites tandis que le ministre chargé par Nicolas Sarkozy de porter cette réforme, Eric Woerth ironise sur Martine Aubry qui se « mélenchonise », du nom de Jean Luc Mélenchon, président du parti de Gauche.

Des primaires invisibles sont donc en cours entre DSK et Martine Aubry. Deux stratégies ont inauguré une collusion permanente. Le patron du FMI voudrait être celui par qui les dogmes qui paralysent la pensée socialiste tombent. Un réformateur qui donne de l’espoir à gauche sans effaroucher les milieux de la grande finance traditionnellement portés à droite. Tandis que Martine Aubry se croit obligée de « gauchir » d’avantage son approche pour à la fois capter le soutien des autres composantes de la gauche et pouvoir prétendre à former une alternative à Nicolas Sarkozy.

Si les divergences ont du voir le jour sur un sujet aussi sensible que la reforme de la retraite, elles exploseront au moment venu sur d’autres thématiques que Martine Aubry considère comme porteuses de changement comme le bouclier fiscal et le cumul des mandats. DSK et Martine Aubry seront obligés d’afficher en public leurs tiraillements.

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