Inconnu du grand public, le candidat de 48 ans, dirigeant de l’Eglise Maranatha qui organise des distributions de nourriture dans les quartiers pauvres, nie tout lien avec le chavisme et juge "possible de renverser ce gouvernement", même si la réélection du président Maduro semble courue d’avance.
Il clame aussi son innocence après avoir été assigné à résidence en 2010 pour trafic supposé de carburant, puis soupçonné d’être impliqué dans le vaste scandale d’évasion fiscale des Panama Papers.
Question: Que pensez-vous de la décision de l’opposition de boycotter l’élection?
Réponse: C’est une erreur de laisser le champ libre (à Maduro) en restant sur le discours que tout cela est un piège. Ils (le gouvernement) continuent d’occuper tout l’espace et sont avantagés, mais plus de 50% de l’électorat veut voter. Pourquoi leur enlever ce droit? Il est possible de renverser ce gouvernement.
Q: Comment vous définissez-vous politiquement?
R: Je suis un candidat indépendant, sans histoire politique. Je suis dans le social depuis des années.
Q: Vous êtes l’outsider de la campagne?
R: Je me considère ainsi. Les gens ne veulent pas un parti, mais un leader, quelqu’un qui ne vienne d’aucun des deux camps, qui puisse se connecter avec eux et qui ait une histoire sociale. Je remplis toutes ces conditions.
Q: Certains disent que vous êtes en réalité un candidat du chavisme pour légitimer la réélection de Maduro. Que leur répondez-vous?
R: C’est jouer le jeu du gouvernement, décevoir pour que les gens ne votent pas. (Ma) proposition n’a rien à voir avec le gouvernement.
Q: Si vous êtes élu, est-ce que vous gouvernerez avec le chavisme?
R: En aucun cas, (car) nous voulons un changement radical. Je ne suis pas d’accord avec les gouvernements de transition incluant les deux camps.
Q: Que feriez-vous avec les chavistes accusés de violer les droits de l’homme et de corruption?
R: Je ne viens assouvir la vengeance de personne, mais plutôt relever un pays qui est à terre. La justice viendra.
Q: Que représente pour vous Nicolas Maduro, d’un point de vue religieux?
R: Je ne sais pas avec quoi communie Nicolas Maduro, mais il est clair que je représente le bien, la lumière, je viens apporter des valeurs chrétiennes au pays. Je suis la lumière en ce moment, et si je suis la lumière quelqu’un doit représenter les ténèbres ou le mal.
Q: Au Costa Rica, un pasteur évangélique, Fabricio Alvarado, est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle le 4 février. Pensez-vous pouvoir faire pareil?
R: Si je ne le pensais pas, je ne serais pas là. Je peux être le prochain président de ce pays.
Q: En tant que président, est-ce que vous soutiendriez le mariage homosexuel ou l’avortement?
R: Le mariage pour tous avec droit à l’adoption peut devenir une perversion sociale. Je respecte l’orientation sexuelle de chacun, mais je ne soutiendrai jamais une telle loi. On étudierait une loi permettant peut-être l’avortement pour raisons médicales ou dans des cas où la vie de la mère serait en danger.
Q: Pourquoi votre nom a-t-il été associé aux Panama Papers?
R: J’ai rencontré un importateur reconnu et je lui ai demandé si nous pourrions importer de la viande financée avec l’argent de nombreux volontaires. (…) La négociation n’a pas bien terminé et nous n’avons rien fait. Je n’ai aucun lien avec les Panama Papers.
Q: La Constitution vous obligerait à quitter son rôle de pasteur pour devenir président. Qu’est-ce que cela vous fait?
R: Cette décision me fait mal au coeur (mais) je crois que c’est la bonne décision. Dieu aime ce pays et il faut faire un sacrifice.
Par AFP