Au Maroc, « sexe, mensonges et vidéos », version cheikh salafiste

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Le Cheikh est interdit de prêche. Ce vendredi 13 octobre, on ne verra pas Mohamed Fizazi, le cheikh salafiste repenti, clamer la bonne parole à la mosquée Ibn Zyad, au quartier Casa Barata à Tanger. Il y officiait depuis 2013 et avait même dirigé la prière devant le roi Mohammed VI il y a quelques années.

La décision a été officiellement prise jeudi 12 octobre par le ministère des Habous et des affaires islamiques. Depuis une semaine, le cheikh aux trois épouses est pris dans la tourmente d’un scandale sur le mode de sexe, mensonge et vidéo.

Tout a commencé quand une très jeune femme, Hanane, dévoile sur les réseaux sociaux sa relation avec Fizazi. Dans une vidéo, elle parle de mariage sans acte, de séquestration dans un local d’association et d’avortement forcé. Elle a 19 ans. Il en a 68. Et selon les accusations portées par Hanane, le prédicateur salafiste aurait abusé d’elle après lui avoir promis le mariage.

Le cheikh a une explication à toutes les accusations. Il voulait aider une fille perdue, pauvre et analphabète. Elle est divorcée, ne supporte plus le qu’en dira-t-on dans son village. Alors, pour la sauver, il était prêt à l’épouser et et s’était même rendu chez sa famille. D’ailleurs, soutient-il, ils ont commencé à préparer le dossier pour convoler en justes et quatrième noces par le biais d’un avocat à Mohammedia. Hanane devait donc être la quatrième épouse de ce polygame et fier de l’être

En attendant, poursuit le vénérable cheikh, il emmène sa future épouse à Tanger "pour la préparer à une vie conjugale musulmane" et ce avec la bénédiction de l’une de ses femmes, Inass la palestinienne, chez qui elle habitera. Très vite les choses se gâtent. "Hanane passait ses nuits à chatter. Elle se levait tard, ne faisait pas le ménage", se plaint Fizazi pour qui une épouse est aussi et surtout une employée de maison corvéable à merci. Il va plus loin en accusant sa future promise d’avoir été une prostituée.

Drapée d’un niqab que le cheikh lui aurait ordonné de porter, Hanane réplique en publiant les photos de son voyage de "noces" avec le célèbre prédicateur à Sidi Harazem, une station thermale qui a connu ses jours de gloire dans les années 1970. Le couple semble bien en villégiature. Oui, confirme-t-elle, ils ont bien eu une relation.

Face à l’ampleur du scandale, Mohamed Fizazi a fini par déposer plainte pour diffamation contre Hanane et son frère. A Tanger, la police judiciaire l’aurait entendu à deux reprises. Celle qui a failli être l’une des co-épouses du cheikh continue de faire le tour des sites et d’alimenter les réseaux sociaux en révélations sur ses pratiques sexuelles. Cheikh Fizazi, lui, vient de connaître sa première sanction, son ministère de tutelle l’ayant privé de prêche.

L’image du salafiste revenu à de meilleurs sentiments après quelques années de prison a été amplement écornée. La vie joue d’étranges tours parfois. C’est une histoire glauque qui a fini par emporter le prédicateur polygame.

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