Assad menace d’utiliser la force contre des combattants aidés par Washington

Le président syrien Bachar al-Assad s’est dit ouvert aux efforts de réconciliation dans son pays ravagé par plus de sept ans de guerre, mais n’a pas exclu le recours à la force contre les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis pour reprendre les régions sous leur contrôle.

Dans une interview à la chaîne de télévision Russia Today, diffusée jeudi, M. Assad a par ailleurs affirmé qu’une confrontation directe entre la Russie et les Etats-Unis avait été évitée de justesse en Syrie, où les deux grandes puissances interviennent dans le conflit.

"Le seul problème qui reste aujourd’hui en Syrie, c’est les Forces démocratiques syriennes (FDS)", a dit le président syrien dont les troupes ont réussi depuis 2015 à reprendre plus de 60 % du territoire aux rebelles et jihadistes grâce principalement à l’aide de l’allié russe.

"Nous avons deux options pour régler ce problème: nous avons d’abord ouvert la voie à des négociations car la majorité des membres (des FDS) sont des Syriens. Si cela ne marche pas, nous allons libérer nos territoires par la force. Nous n’avons pas d’autre choix", a-t-il souligné.

Soutenues par une coalition antijihadistes menée par les Etats-Unis, les FDS, une alliance composée de combattants kurdes et arabes, ont joué un rôle crucial dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) qu’elles ont chassé de plusieurs régions de Syrie dont son fief de Raqa, et qu’elles continuent de combattre dans une partie de la province orientale de Deir Ezzor.

Elles contrôlent de larges territoires dans le nord et nord-est syrien.

"C’est notre terre et c’est notre droit et notre devoir de la libérer. Les Américains doivent partir et ils partiront d’une façon ou d’une autre", a ajouté M. Assad.

Accrochage russo-américain évité

Les FDS n’ont pas réagi à ces déclarations dans l’immédiat.

Mais le porte-parole de la coalition internationale, le colonel Sean Ryan, a lui souligné "l’incroyable" travail des FDS dans la lutte contre l’EI, soutenant que ces forces devaient "être louées et non menacées".

Il n’a toutefois pas précisé comment réagirait la coalition en cas d’attaque contre les FDS.

En avril, des combats inédits ont opposé les prorégime aux FDS dans la province de Deir Ezzor, où les deux parties mènent deux offensives distinctes pour déloger l’EI de ses derniers retranchements.

Jeudi, des frappes aériennes de la coalition sur un village contrôlé par l’EI dans cette province ont tué huit civils, dont trois enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Aujourd’hui, le régime contrôle la ville de Deir Ezzor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi toute la rive ouest de l’Euphrate, tandis que les FDS sont stationnées sur la rive orientale.

La Russie, dont l’intervention en septembre 2015 a été déterminante pour le régime Assad, peine néanmoins à transformer ces succès militaires en règlement politique du conflit.

Sur un autre plan, M. Assad a affirmé qu’une "confrontation directe entre les forces russes et celles des Etats-Unis, a été heureusement évitée".

Il a loué "la sagesse de la direction russe" qui a permis selon lui d’éloigner le spectre d’un tel conflit car "personne au monde et en premier lieu les Syriens n’a intérêt à ce que cette confrontation se produise".

"Pas de troupes iraniennes"

Sur la question de l’implication de l’allié iranien dans le conflit et les récentes frappes israéliennes sur des positions militaires présentées comme iraniennes en Syrie, M. Assad a affirmé qu’il n’y avait "pas troupes iraniennes sur notre sol".

"Nous ne pouvons pas les cacher (les iraniens) et nous n’avons pas honte de dire clairement s’il y en a", a-t-il dit. "Seuls des officiers iraniens aident l’armée syrienne".

"Ils (Israël) disent avoir attaqué des bases et des camps iraniens. Mais en fait nous avons eu des dizaines de Syriens tués ou blessés, et pas un seul Iranien", a poursuivi M. Assad.

Déclenché en 2011 par la répression par le régime de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.

Il a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.

Sept ans après le début du conflit, M. Assad a solennellement répété que ses forces "n’abandonneront aucun territoire". "Si nous n’arrivons pas à récupérer (l’ensemble) du territoire par des accords de réconciliation, nous le ferons par la force".

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