Asma Lamrabet quitte la Rabita Mohammadia des Oulemas : « une étape est terminée »

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Asma Lamrabet a présenté sa démission du centre d’études féminines en Islam qu’elle dirigeait au sein de la Rabita Mohammadia des Oulémas que préside Ahmed Abbadi. Cette chercheure et écrivaine qui a fait de la place de la femme en Islam son combat en proposant une lecture féminine et féministe du coran en a fait elle-même l’annonce sur sa page facebook dans la soirée de dimanche 18 mars. Elle a aussitôt été remplacée par Farida Zomorod, professeure maître-assistant à Dar al-Hadith al-Hassania

« J’ai présenté officiellement ma démission du centre que je dirigeais au sein de de la Rabita almohamadya des Oulémas ; je ne saurais remercier avec de simples mots le Secrétaire général Mr Ahmed Abaddi dont j’ai toujours apprécié les qualités d’érudition, de pédagogie et d’ouverture d’esprit ; il était et restera aussi un frère pour moi… je remercie aussi toute cette belle équipe avec qui j’ai passé un moment de ma vie et dont j’ai tellement appris. Une étape est terminée », peut-on en effet lire sur le statut de Mme A. Lamrabet.
Asma Lamrabet, médecin biologiste dans le civil, quitte donc la Rabita Mohammedia des Oulémas probablement pour une nouvelle aventure. Discrète mais résolument engagée, elle explique simplement qu’une étape est terminée. Elle avait rejoint la Rabita en 2011
Auteure prolifique qui s’applique à déconstruire les stéréotypes qui entourent la femme musulmane, Asma Lamrabet a reçu en 2017 le prix Grand Atlas pour son ouvrage « Islam et femmes, les questions qui fâchent » paru aux éditions « En toutes lettres ». « Nous avons voulu ici saluer la rigueur et la pertinence de l’analyse. Le livre, didactique et bien construit, pose des questions essentielles et remet en cause un certain nombre d’évidences, de clichés, qu’il nous paraît salvateur de déconstruire. Dans la lignée de la tradition de la Nahda, Asma Lamrabet ouvre une voie novatrice et inspirante, en cherchant à l’intérieur des textes religieux une réponse à des problématiques aussi brûlantes que l’égalité entre les sexes, l’héritage des femmes, la question du voile ou de la polygamie » avait alors expliqué la présidente du jury, Leila Slimani.

Figure emblématique d’une nouvelle forme de féminisme car détentrice du savoir religieux et au fait des textes coraniques et de la Sunna, Asma Lamrabet n’a jamais hésité à exprimer ses positions fortes en matière d’égalité dans l’héritage, le mariage interreligieux ou encore la loi islamique. Déconstruire l’orthodoxie musulmane qui ne fonctionne plus de nos jours, en utilisant sa propre logique, a-t-elle coutume d’expliquer. « Certes, il est plus facile de la démonter selon une vision laïque fondée sur les droits de l’Homme, mais comme nous sommes dans des pays musulmans, il faut utiliser ce même référentiel pour prouver à ses détenteurs qu’il ne tient plus la route » déclarait-elle dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique.
A travers ses différents ouvrages publiés en français- « Aisha, épouse du Prophète ou l’Islam au féminin », « Le Coran et les femmes : Une lecture de libération », « Femmes, Islam, Occident : Chemins vers l’universel », « Femmes et hommes dans le Coran : Quelle égalité ? », « Les femmes et l’islam : Une vision réformiste »- A. lamrabet a inlassablement choisi de procéder à une lecture dépolitisée de l’Islam pour permettre l’émancipation aux musulmanes.

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