Arrestation d’Abdeslam : ce qu’il faut retenir de la conférence de presse
Le président français François Hollande s’attend à ce que la Belgique extrade Salah Abdeslam vers la France « le plus rapidement possible ».
L’extradition logique
Côté belge, cette extradition ne semble pas faire de doute : "C’est normal (…) que Salah soit extradé et que la justice française traite le cas", a déclaré le ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon, interrogé sur la télévision privée RTL-TVI. Il a souligné que les faits les plus graves qui lui étaient reprochés avaient été commis en France. François Hollande comme Charles Michel ont confirmé l’arrestation de "Salah Abdeslam avec deux complices". "Salah Abdeslam a été formellement identifié", a précisé François Hollande. Le président français a souligné que les individus impliqués dans les attentats de Paris étaient "beaucoup plus nombreux" qu’envisagé au départ. "Ceux que nous devons appréhender, c’est tous ceux qui ont permis, organisé ou facilité ces attentats (de Paris en novembre, NDLR) et nous nous apercevons, sans rentrer dans les détails, qu’ils sont beaucoup plus nombreux que ce que nous avions pu un moment penser et identifier", a souligné le président français.
Conseil de défense exceptionnel
François Hollande a d’ailleurs annoncé qu’il réunirait samedi matin à l’Élysée un conseil de défense, promettant de "continuer et poursuivre" la lutte contre les réseaux djihadistes. "Notre combat ne sera pas terminé et dès demain matin, compte tenu des informations qui m’ont été communiquées, je réunirai le conseil de défense", composé des ministres chargés de la sécurité et les principaux responsables sécuritaires français, a expliqué François Hollande. Le président américain Barack Obama a appelé François Hollande et Charles Michel pour les "féliciter", après ces arrestations. "Nous avons eu l’occasion de nous entretenir par téléphone avec le président Obama", a déclaré Charles Michel.
Les explications du parquet belge
"Au cours de trois perquisitions vendredi après-midi, "Salah (Abdeslam) a été intercepté. (…) Le soi-disant Mounir Ahmed Alaaj, alias Amine Choukri, a été appréhendé (…)", a détaillé un porte-parole du parquet fédéral belge, Thierry Werts. "Trois autres personnes ont été privées de liberté : les nommés Abid A., Sihane A. et Djemila M., tous membres de la famille qui hébergeait Salah", a ajouté Thierry Werts lors de la conférence de presse en milieu de soirée.
À propos de Salah Abdeslam, Thierry Werts a précisé qu’il avait "été légèrement blessé à une jambe et emmené à l’hôpital pour être soigné". Selon plusieurs médias belges, il serait traité à l’hôpital Saint-Pierre situé à Bruxelles. Des policiers gardaient les entrées de l’établissement et contrôlaient les entrées et les sorties. Le "soi-disant Mounir Ahmed Alaaj, alias Amine Choukri" a lui aussi été "légèrement blessé" et "emmené à l’hôpital pour être soigné", a continué le porte-parole du parquet. Les trois personnes qui ont hébergé Salah Abdeslam "seront aussi entendues par les enquêteurs et le juge décidera de leur maintien éventuel en détention", a-t-il ajouté. Mounir Ahmed Alaaj, alias Amine Choukri, "avait été contrôlé en compagnie de Salah Abdelsam à Ulm en Allemagne (sud) le 3 octobre 2015", un peu plus d’un moins avant les attaques de Paris, a précisé Thierry Werts. "Lors de ce contrôle, ces empreintes avaient été relevées et elles l’ont été à nouveau ultérieurement dans la maison utilisée par le groupe terroriste à Auvelais", dans la région de Namur (sud), qui a servi pour préparer les attentats de Paris, a-t-il dit. "Un faux passeport syrien, au nom de Mounir Ahmed Alaaj, ainsi qu’une fausse carte d’identité belge au nom de Amine Choukri ont été retrouvés lors de l’intervention (mardi) rue du Dries à Forest", en région bruxelloise, a-t-il souligné.
Mardi après-midi, une équipe de six enquêteurs franco-belges s’était présentée pour une perquisition de routine devant cet appartement et avait été accueillie par des tirs à l’arme automatique. L’un des trois hommes à l’intérieur de l’appartement, Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans, a été tué par un tireur d’élite de la police. À côté de son cadavre ont été découverts "une kalachnikov ainsi qu’un livre sur le salafisme", un drapeau de l’organisation État islamique, "11 chargeurs de kalachnikov et de très nombreuses munitions". Deux hommes avaient réussi à prendre la fuite. Vendredi, un média a révélé que des empreintes de Salah Abdeslam avaient également été retrouvées dans l’appartement de Forest. Ces révélations ont précipité l’intervention policière à Molenbeek, selon le parquet.