Après 16 heures de garde à vue, Nicolas Sarkozy mis en examen pour corruption active

Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi pour trafic d’influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel à l’issue d’une garde à vue spectaculaire et inédite pour un président de la Ve République.

Les deux juges en charge de l’affaire l’ont entendu jusqu’à deux heures du matin avant de le mettre en examen pour corruption active, c’est-à-dire bien au-delà du délit de trafic d’influence retenu initialement. L’ex-chef de l’État a pu repartir libre et sans contrôle judiciaire, mais il risque en théorie 10 ans de prison.

Selon les magistrats, le délit corruption active correspond au système découvert autour de l’ancien chef de l’État. Pour les juges, le schéma est le suivant : Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de cassation, a fourni des informations à Nicolas Sarkozy sur l’affaire de la milliardaire Liliane Bettencourt en violant le secret professionnel. Il est perçu comme le corrompu et mis en examen pour corruption passive.

L’avocat Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy sont, eux, les corrupteurs et donc mis en examen pour corruption active.

Il s’agit de la seconde mise en examen pour l’ancien président UMP, qui a perdu l’immunité présidentielle dont il jouissait un mois après sa défaite de mai 2012.

Nicolas Sarkozy avait été mis en examen en mars 2013 pour abus de faiblesse aux dépens de l’héritière de L’Oréal Liliane Bettencourt sans passer par la case garde à vue et avait bénéficié d’un non-lieu en octobre de la même année.

L’information judiciaire qui lui vaut cette deuxième mise en examen a été ouverte le 26 février sur la base d’écoutes téléphoniques qui l’ont visé, lui et son entourage.

Les enquêteurs soupçonnent un réseau d’informateurs au sein de la justice et de la police d’avoir renseigné Nicolas Sarkozy sur les procédures judiciaires le visant.

Les soupçons sont apparus en marge d’une enquête sur des accusations de financement libyen de sa campagne électorale en 2007, poussant la justice à placer deux téléphones utilisés par l’ex-chef de l’Etat sur écoute les 3 et 19 septembre 2013.

Ces interceptions auraient révélé que Nicolas Sarkozy et son avocat étaient bien renseignés sur la procédure alors en cours à la Cour de cassation sur l’affaire des soupçons d’abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Bettencourt.

Les juges cherchent à établir si Nicolas Sarkozy a tenté de faciliter une promotion à Monaco de Gilbert Azibert en échange de renseignements sur l’avancée du dossier.

Le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, a assuré que la justice devait "aller jusqu’au bout", car Nicolas Sarkozy, "est désormais un justiciable comme les autres".

Quelques proches de l’ancien chef de l’Etat ont dénoncé une instrumentalisation politique de l’affaire. "Jamais on n’aura affublé un ancien président d’un tel traitement, d’un tel déferlement de haine", a ainsi déclaré le maire UMP de Nice, Christian Estrosi.

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