Anniversaire de l’indépendance de l’Algérie : les dirigeants n’ont rien de mieux à offrir au peuple qu’un défilé militaire exubérant (Saoud Al Atlassi)
« Les célébrations du 60è anniversaire de l’indépendance ont été axées sur ce défilé militaire vu que les généraux n’ont aucune réalisation économique, sociale, industrielle, infrastructurelle à leur actif… Rien d’utile pour le peuple algérien », écrit-il dans une chronique intitulée « Les généraux d’Algérie fêtent leurs 60 ans de règne », publiée mercredi sur le site d’informations « Machahid 24 ».
L’écrivain relève que « les énormes rentes issues de l’énergie fossile en Algérie ont été absorbées par la corruption structurelle (les multiples procès en cours d’anciens responsables de l’administration, révélateurs du système de corruption dont les généraux algériens ont jeté les bases depuis des décennies), ainsi que par les achats de véhicules militaires qui profitent d’abord aux généraux, en termes de commissions engrangées, et servent deuxièmement à « embellir » l’image de l’armée et à « booster son prestige ». « Aucune trace de ces revenus n’est perceptible sur le plan socio-économique ni sur celui de l’urbanisation », souligne l’auteur, faisant remarquer que le pays souffre des mêmes pénuries depuis des décennies, « des générations habituées à des coupures quotidiennes d’électricité et d’eau dans toutes les villes et villages algériens ».
Il estime qu’une petite partie des budgets alloués à l’acquisition d’avions et de chars modernes « aurait suffi à établir des structures stables et efficaces pour la production et la distribution de l’eau et de l’électricité, et à répondre aux besoins du citoyen algérien », ajoutant qu’une meilleure gestion de ces revenus aurait également permis la réforme et la modernisation du secteur de l’agriculture dans ce pays qui, pendant des décennies, souffre d’un manque criant et permanent en denrées alimentaires de première nécessité. L’entassement des armes « profite aux généraux et nuit à l’Algérie », a-t-il enchaîné, expliquant que les généraux continuent de stocker les armes « non pour les utiliser, mais pour toucher des commissions sur chaque acquisition et engranger les bénéfices des contrats de formation, d’entretien et de fourniture des pièces de rechange, ainsi que pour faire effet sur le plan intérieur ».
La junte militaire aux commandes du pays a conduit l’armée à s’isoler du peuple voire à entrer en confrontation avec lui, et un tel défilé militaire « cérémonieux » sert à légitimer son hégémonie, à consolider son pouvoir et à terrifier ses nombreux opposants, souligne le journaliste-écrivain.
Saoud Al Atlassi relève, par ailleurs, que les dirigeants algériens continuent d’étendre leur mainmise sur les rouages de l’État, avec les avantages financiers que la corruption leur procure et le monopole du pouvoir par « l’élite », faisant référence à une série de témoignages de sources algériennes sur cette « règle consacrée », et à des dizaines d’études et de rapports émanant d’observateurs extérieurs, qui évoquent le rôle des généraux dans la gestion des affaires du pays et dans le contrôle des politiques algériennes.
« Il est donc naturel que la bande au pouvoir en Algérie ne trouve rien de mieux à offrir au peuple algérien, à l’occasion du 60è anniversaire de l’indépendance du pays, qu’un défilé militaire exubérant, à défaut d’un cadeau ‘civil' », conclut-il.