Année 2016: l’Algérie au gré des oscillations du baril
Le plongeon des prix du pétrole sur le marché international a accentué, en 2016, la crise économique et financière en Algérie, doublée d’une grogne sociale à la peau dure et aux développements inconnus, au regard des projections pessimistes, voire sombres, sur l’évolution de la situation.
Pour mesurer la gravité de la chose, il convient de préciser que, cinq ans en arrière, le pays disposait d’un excédent commercial de plus de 20 milliards de dollars.
Sur la même tendance baissière, les réserves de change ont chuté de près de 28 milliards de dollars depuis fin 2014, qui coïncide avec le début de l’effondrement des prix du pétrole. Le matelas financier, qui permettait d’arroser à foison la paix sociale, est passé de près de 179 milliards de dollars à cette époque à 121 milliards actuellement.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait promis il y a quelques semaines que les réserves de change de l’Algérie ne baisseront pas sous la barre des 100 milliards de dollars en 2019, alors que la Banque mondiale avait situé le montant des réserves de change de l’Algérie, à l’horizon 2018, à 60 milliards de dollars.
Mais, le pire reste à venir. En effet, la situation ne devrait pas s’améliorer d’ici l’année prochaine. Bien au contraire, tout semble indiquer qu’elle risque d’empirer en 2017, lorsque les effets de la crise se feront véritablement ressentir.
Dans ce climat de scepticisme et faute d’une stratégie claire et cohérente pour sortir du goulot, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de se rabattre sur les ménages pour les soumettre à une sévère cure d’austérité.
La loi de finances 2017 comporte des mesures drastiques et une hausse des taxes destinée à juguler le déficit budgétaire et alimenter les caisses de l’Etat, en train de se vider. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la taxe intérieure de consommation ont été revues à la hausse, en sus de l’introduction de nouvelles taxes, qui ne rendront le pouvoir d’achat des Algériens que fortement menacé.
Dans le sillage de ces mesures d’austérité, le gouvernement, avec la bénédiction de son partenaire syndical, l’UGTA, annonce une réforme controversée de la suppression de la retraite anticipée, sous prétexte de préserver l’équilibre financier des caisses de retraite menacées de faillite.
S’alarmant des conséquences de ce projet, les syndicats algériens investissent la rue et déclarent la guerre au gouvernement, en paralysant le pays par une série de grèves répétitives. Face à cette contestation qui a pris de l’ampleur, le gouvernement cède à la pression et modifie sa copie.
La chasse à l’homme noir
Outre cette crise socio-économique, le pays sera secoué par des scandales qui vont se succéder pour donner une piètre image du pays.
Début décembre, les autorités algériennes lanceront "une chasse à l’homme noir" portant sur une vaste opération d’expulsions »massives et sommaires » de migrants subsahariens, y compris des enfants et des femmes.
La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme a estimé à 1400 le nombre de migrants subsahariens arrêtés dans la capitale algérienne en moins d’une semaine et placés dans des camps de rétention à Alger ou emmenés à Tamanrasset (extrême sud) pour leur expulsion.
La rafle menée à Alger sur des centaines de ces migrants, les conditions de leur détention et la manière dont s’est faite leur reconduction à la frontière ont soulevé l’indignation des organisations de défense des droits de l’Homme et des médias à travers le monde.
A quelques jours d’intervalle, la mort du journaliste et blogueur algérien Mohamed Tamalt, dans des conditions floues, après une grève de la faim et trois mois de coma pour protester contre son emprisonnement, suscite indignation et colère dans le pays. Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme et de liberté d’expression sont entrées en ligne pour exiger l’ouverture d’une enquête indépendante et transparente sur les circonstances de cette mort qui paraît pour elles énigmatique.
(avec MAP)