Dans un New York noyé sous la brume, celui qui passe pour l’apparatchik de la cause palestinienne, dénué de la magie du verbe et du sens de la formule de son prédécesseur, a pris vendredi des accents inhabituellement poignants.
"En 1974, notre défunt dirigeant Yasser Arafat était venu dans cette enceinte", a-t-il rappelé, déclenchant une première salve d’acclamations. "Il avait dit: +Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main+".
"Je suis venu porteur du rameau d’olivier et du fusil du révolutionnaire, ne laissez pas le rameau tomber de ma main", avait déclaré le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
"En 1988, le président Arafat s’est de nouveau adressé à l’Assemblée générale", a poursuivi M. Abbas, "pour exposer le programme de paix palestinien adopté par le Conseil national palestinien à Alger" acceptant un règlement négocié avec Israël et l’échange des territoires contre la paix.
"Cette décision a été très douloureuse pour nous tous, en particulier ceux qui comme moi ont été forcés de quitter leur ville, leur village, avec pour tout bagage quelques affaires, leur chagrin, leurs souvenirs et une clé de leur maison, pour les camps de l’exil et la diaspora de la Nakba de 1948", a reconnu Mahmoud Abbas, d’ordinaire peu enclin aux confidences personnelles.
"Après 63 ans de souffrance, assez, assez, assez! Il est temps pour le peuple palestinien d’obtenir sa liberté et son indépendance", a-t-il affirmé, en référence à la "Nakba" (catastrophe), le traumatisme de la création d’Israël et de l’exode de centaines de milliers de Palestiniens qui s’en est suivi.
"Certains pensent que nous sommes un peuple de trop au Moyen-Orient et d’autres qu’il manque un Etat qui doit être créé", a expliqué le président palestinien, chassé à l’âge de 13 ans de sa ville natale de Safed, en Galilée, aujourd’hui en territoire israélien.
L’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour, qui accompagnait M. Abbas lors de la remise de la demande d’adhésion au secrétaire général de l’ONU Ban ki-moon, a vu un "moment historique" dans le discours, qu’il a comparé à celui de Yasser Arafat en 1974.
"Je me sens fier d’avoir vécu, en tant que Palestinien, ainsi que tout notre peuple, ce moment qui marque l’aboutissement d’une longue lutte et de sacrifices", a-t-il déclaré à l’AFP.
"C’est un moment de vérité et mon peuple attend de connaître la réponse du monde", a lancé le président palestinien à l’Assemblée générale. "Permettra-t-il à Israël de poursuivre son occupation, la seule occupation au monde?".