La France s’oppose à l’extradition vers le Chili d’un ex-guérillero réfugié politique
Le parquet général s’est opposé mercredi à l’extradition vers le Chili de l’ancien chef guérillero Ricardo Palma Salamanca, condamné à perpétuité dans son pays pour l’assassinat d’un des idéologues de la dictature d’Augusto Pinochet et aujourd’hui réfugié politique en France.
Ricardo Palma Salamanca s’était échappé en 1996 par hélicoptère de la prison de haute sécurité chilienne où il purgeait sa peine pour l’assassinat en 1991 de Jaime Guzman, sénateur et théoricien du régime de Pinochet (1973-1990), et l’enlèvement de Cristián Edwards del Río, fils du propriétaire du journal El Mercurio.
Il avait été arrêté à Paris le 16 février après 21 ans de cavale, en vertu d’un mandat d’arrêt international émis par le Chili.
Lors d’une audience mercredi devant la cour d’appel de Paris, le parquet général a invoqué une récente décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui a accordé le 29 octobre l’asile à cet ancien membre du groupe de guérilla marxiste Frente Patriótico Manuel Rodríguez (FPMR).
Selon la représentante du ministère public, la jurisprudence française et les conventions internationales interdisent d’expulser une personne qui a obtenu un statut de réfugié politique, y compris pour une extradition.
Elle a par ailleurs souligné que l’Ofpra avait jugé crédibles les affirmations de l’ancien guerillero selon lesquelles il aurait subi des "tortures" au Chili pour avouer le crime.
"Vous ne pouvez pas donner un avis favorable dans ces conditions", a-t-elle déclaré.
Le gouvernement chilien a vivement désapprouvé l’octroi par l’Ofpra de l’asile politique à Ricardo Palma Salamanca, et demandé au président Emmanuel Macron d’intervenir pour annuler cette décision.
Pour Santiago, l’ex-guérillero a été jugé et écroué dans une "démocratie" et "au terme d’un procès en bonne et due forme".
"Selon la convention de Genève, l’asile politique ne peut être accordé qu’à ceux (issus) de pays qui ne garantissent pas de procès équitables, ce qui n’est pas le cas du Chili", avait affirmé début novembre la porte-parole du gouvernement Cecilia Pérez.