Les relations de l’Union Européenne avec les pays du bassin méditerranéen reposent sur une politique de proximité qui reflète l’importance politique et stratégique de cette région et qui va bien au-delà de simples programmes d’aides et d’échanges.
Institutionnalisée depuis près de 25 ans, la politique méditerranéenne de l’Europe, comme on vient de le montrer dans le premier chapitre de cette deuxième partie, n’a toujours pas fait ses preuves. L’intérêt accordé aux changements à l’Est, le manque de vision commune, l’instabilité et le morcellement de la région, la sensibilité du sujet parmi les opinions
publiques, le manque de perspectives économiques, la complexité du dossier où le politique, le culturel, le religieux et l’économique entrent en interaction, sont autant de raisons qui expliquent la fluctuation de la politique méditerranéenne de l’UE.
Cependant les différences de situation entre l’Europe centrale et la zone Méditerranéenne ne devaient pas faire oublier à l’Union qu’elles procèdent toutes deux d’une philosophie et d’une démarche commune : favoriser la stabilité et le développement de l’Europe et de sa périphérie. Et au moment où les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) se sont stabilisés et se sont fermement engagés dans le processus d’élargissement, le bassin méditerranéen est réapparu, pour l’Occident, comme une nouvelle ligne de crises potentielles.
C’est pourquoi, la Conférence de Barcelone (28 novembre 1995) s’est donnée pour but de rénover les relations euro-méditerranéennes, de poser les fondements d’un partenariat pour la paix, la stabilité, la prospérité économique partagée et la compréhension entre les souverainetés et les cultures de la région, en prévoyant à côté d’un partenariat économique,
financier et socioculturel, un volet consacré notamment aux questions de sécurité Bien qu’elle repose sur les différentes politiques méditerranéennes mises en place depuis les années soixante, le partenariat euro-méditerranéen marque un nouveau départ dans la mesure où, pour la première fois, était institué un cadre pour les relations stratégiques qui dépassait les domaines traditionnels des échanges et de la coopération en matière d’aide.
Ce processus multilatéral est étayé par un réseau de relations bilatérales entre chaque États partenaires et l’UE, sous la forme d’accords d’association Euro-Med, précisant au cas par cas, les relations politiques, commerciales, sociales et culturelles.
Ce partenariat n’atteindra cependant jamais le niveau de celui organisé en faveur des États d’Europe centrale et orientale. Car si les PECO ont tous vocation à entrer dans l’UE, parmi les pays tiers méditerranéens (PTM), rares sont ceux qui ont un droit à l’adhésion. Ce qui explique que le facteur lié aux critères d’européanité distinguera ceux qui rentreront, et ceux
qui, bien que proches, resterons en dehors.
C’est pourquoi, l’élargissement de l’Union Européenne à l’Est a été et demeure encore, synonyme de méfiance voire même de crainte pour les pays de la rive sud et orientale de la Méditerranée.
Lors du sommet de Copenhague en décembre 2002, il a été décidé d’élargir l’Union Européenne à dix pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) : République tchèque, Pologne, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie, Hongrie, Chypre et Malte en mai 2004, Roumanie et Bulgarie en 2007 alors que les négociations avec la Turquie commenceront fin 2004.
Cette nouvelle attention portée par l’Union à ses voisins est en effet motivée par un sentiment d’urgence, lié à deux facteurs.
Tout d’abord, les attentats du 11 septembre 2001, qui inscrivent les enjeux sécuritaires au premier rang des priorités et déplacent l’attention communautaire vers l’agenda extérieur. Or, beaucoup de ces enjeux sécuritaires sont concentrés à la périphérie de l’Union – que ce soient des conflits, ouverts ou gelés (Transnistrie, Tchétchénie, Caucase du Sud, Sahara occidental) ou des menaces ou de facteurs de risques non militaires : immigration clandestine, crime organisé mais aussi menaces environnementales.
Deuxièmement : l’approche de l’élargissement de 2004 conduit certains acteurs du système politique européen à prendre conscience d’une interdépendance (ou d’une "destinée commune") avec les nouveaux voisins, et à porter cette question sur l’agenda européen." En d’autres termes L’élargissement a produit une dérive vers l’Est". Une dérive qui a posé d’une
manière aiguë la question de la place et de l’intérêt du PSEM pour l’Europe.
Solimani Mohammed/ Docteur en Droit public