L’ex-président burkinabè Blaise Compaoré a quitté la Côte d’Ivoire pour le Maroc
Blaise Compaoré, le président déchu du Burkina Faso, a quitté jeudi la Côte d’Ivoire, où il était en exil depuis sa démission le 31 octobre, pour rejoindre le Maroc, a-t-on appris auprès de la présidence ivoirienne.
M. Compaoré, sa femme et des membres de sa famille ont quitté dans l’après-midi Yamoussoukro, où ils se trouvaient depuis trois semaines, a indiqué cette source.
Le départ de l’ancien chef de l’Etat burkinabè n’est pas définitif, Blaise Compaoré étant « amené à revenir », a-t-elle toutefois assuré.
De leur côté, les autorités marocaines n’ont, pour l’heure, fait aucun commentaire.
Le roi du Maroc a en revanche adressé jeudi un "message de félicitations" au président intérimaire, Michel Kafando, au surlendemain de sa prestation de serment.
"Votre désignation (…) répond à la volonté du peuple du Burkina Faso d’aller de l’avant sur la voie de la consolidation de la démocratie", a déclaré Mohammed VI, selon l’agence officielle MAP.
Le souverain a par la même exprimé le "soutien constant du Maroc" et réaffirmé sa "ferme détermination à oeuvrer, de concert avec M. Kafando, pour conférer une dynamique renouvelée aux relations de coopération fructueuse et de solidarité agissante", d’après la même source.
Blaise Compaoré a été chassé le 31 octobre par la rue après 27 années de règne pour avoir voulu réviser la Constitution afin de se maintenir au pouvoir. Le jour de sa démission, il avait été exfiltré du Burkina Faso vers Yamoussoukro grâce à des moyens militaires français. Il est réputé avoir de bonnes relations avec les autorités marocaines.
Sa présence en Côte d’Ivoire avait été considérée par Abidjan comme une "évidence" à son arrivée.
Mais elle faisait polémique du fait de son action très controversée durant la décennie de crise politico-militaire ivoirienne (2002-2011).
Pour les partisans de l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara, Blaise Compaoré est un "faiseur de paix" car il parraina les accords de paix de Ouagadougou de 2007.
A l’inverse, il est détesté par les soutiens de Laurent Gbagbo, pour lesquels il est celui ayant armé et formé la rébellion qui tenta un coup d’Etat contre l’ancien président en 2002, provoquant une durable partition du pays.
"Il y avait beaucoup de rumeurs liées à sa présence en Côte d’Ivoire", a souligné une source sécuritaire. "A ce niveau-là, son départ va faire du bien".
La Côte d’Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire qui a culminé avec les violences postélectorales de 2010-2011. Le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara embrasa le pays, faisant plus de 3.000 morts.