C’est actuellement le cas de dix neuf personnalités dont l’ex ministre Khalida Toumi, la députée Louisa Hannoune ou l’écrivain Rachid Boudjedra, toutes réputées proches de Bouteflika, qui ont écrit une lettre publique au président algérien dans laquelle ils se plaignent de la dégradation du climat général dans le pays. Leur diagnostic est d’un grand réalisme: « La déliquescence des institutions de l’Etat, la grave dégradation de la situation économiques et sociale, l’abandon des cadres algérien livrés à l’arbitraire et aux sanctions partiales."
Ces personnalités relaient à leur manière une idée largement répandue en Algérie selon laquelle Bouteflika est étranger aux décisions prises en son nom par des groupes de l’ombre. L’image d’un président marionnette aux mains d’un ventriloque est celle qui domine toute la scène politique algérienne depuis le début du quatrième mandat. Une des grandes décisions citées pour illustrer cette forme de prise d’otage et de manipulation de la parole présidentielle est la décision attribuée officiellement à Bouteflika de démanteler les services de renseignement et le renvoi de leur patron du DRS le puissant général Mediène plus connu sous le sobriquet de Toufik. Khalida Toumi met à sa manière du piment sur la blessure béante : " Je connais très bien le président, confie-T-elle, et je doute que certaines décisions soient de sa propre initiative".
Cette sortie médiatique et politique de ces personnalités algériennes est de nature à jeter l’huile sur le feu dans un pays qui s’interroge lourdement sur son avenir et sur la possible succession de Bouteflika. Elle attisera sans aucun doute la guerre des clans alors qu’aucune personnalité n’est parvenue à faire consensus autour d’elle en cas de brusque disparition de l’actuel président, laissant le pays en suspens. Cela augure aussi d’une période aussi tendue que trouble pour un pays qui vient de voir fondre ses revenus pétroliers sur lesquels reposaient largement les subventions d’une paix sociale déguisée.