Le royaume a exprimé "son incrédulité et sa condamnation" face aux critiques étrangères sur "le cas du citoyen saoudien Raef Badaoui", a indiqué l’agence officielle SPA, citant une source officielle au ministère des Affaires étrangères.
La justice en Arabie saoudite "jouit de l’indépendance et le royaume n’accepte aucune ingérence (dans son système) et ses affaires internes d’une quelconque partie", a ajouté cette source officielle saoudienne.
Mardi, la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallström, qui avait provoqué une crise diplomatique avec Ryad en mars à propos des droits de l’Homme, a de nouveau accusé l’Arabie saoudite d’user d’une "méthode moyenâgeuse" en ayant recours à la flagellation.
La veille, les États-Unis avaient appelé Ryad à "annuler" la "punition brutale" contre Raef Badaoui, tandis que l’Union européenne avait qualifié ce châtiment d’"inacceptable" et "contraire à la dignité humaine".
Raef Badaoui, 31 ans, avait été condamné en 2014 à 10 ans de prison et à 1.000 coups de fouet (50 par semaine pendant 20 semaines) pour "insulte à l’islam".
Il avait subi une première séance de flagellation le 9 janvier 2015, mais les séances suivantes avaient été repoussées, d’abord pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés.
Après la confirmation dimanche de sa condamnation par la Cour suprême, l’épouse du blogueur et des organisations de défense des droits de l’Homme ont déclaré redouter que les séances de flagellation ne reprennent rapidement.
"Châtiment inhumain"
Amnesty International a mis en garde contre une reprise de ce châtiment "cruel et inhumain", ajoutant que "la Cour suprême saoudienne a prouvé que les autorités ne cherchent pas à rendre justice mais à faire de lui un exemple pour éviscérer la liberté d’expression".
Human Rights Watch a de son côté affirmé que le traitement "cruel et injuste" dont M. Badaoui est victime fait partie d’une offensive plus vaste contre les protestations pacifiques.
Animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, Raef Badaoui est emprisonné depuis 2012.
La co-fondatrice du site, Souad al-Shammari, a passé trois mois en prison au début de l’année. Et l’avocat de M. Badaoui est derrière les barreaux.
Farouche défenseur de la liberté d’expression, le site internet de Raef Badaoui avait demandé la fin de l’influence religieuse dans le royaume saoudien, régi par le wahhabisme, une stricte version de l’islam.
Dimanche son épouse, Ensaf Haidar, réfugiée au Canada avec ses trois enfants, n’avait pas caché sa déception après "cette décision de la Cour suprême, finale et sans appel".