La Cour de Cassation a décidé mercredi d’annuler les jugements prononcés en avril 2014 par le tribunal militaire de Tunis et de renvoyer ces responsables devant une cour d’appel militaire, ont affirmé Leila Haddad, avocate de familles de victimes, et Mounir Ben Salha, avocat de la défense. La Cour n’était pas joignable dans l’immédiat.
L’an dernier, la justice militaire avait rendu son verdict dans plusieurs affaires jugées en appel, dont celles de manifestants tués dans le Grand Tunis et à Sfax (est).
L’ancien directeur de la sécurité présidentielle, Ali Seriati, avait été condamné à trois ans de prison, tout comme l’ex-ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem. L’ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga, avait lui vu sa peine réduite de dix ans à trois ans.
Les ex-responsables ont tous été libérés après avoir purgé leurs peines.
Ces verdicts jugés très cléments avaient provoqué la colère des familles des victimes et avaient été vivement critiqués par l’essentiel de la classe politique et la société civile. Le parquet militaire avait de son côté déposé un pourvoi en cassation.
La décision de les rejuger "est une victoire dans le dossier des martyrs et des blessés de la révolution, parce que les verdicts du tribunal militaire étaient injustes", a réagi Me Haddad.
"Nous allons faire avec", s’est contenté de dire Me Ben Salha.
Selon un bilan officiel, la répression du soulèvement populaire qui a renversé Ben Ali a fait plus de 300 morts et des centaines de blessés pendant la révolution (17 décembre 2010 – 14 janvier 2011), mais aussi dans les jours ayant suivi la fuite du dictateur en Arabie saoudite.