Maroc-Législatives 2016: le dérapage de trop de Nabil Benabdallah
Le leader du parti du Progrès et du Socialisme (PPS) et ministre de l’Habitat, Nabil Benabdallah, est dans la tourmente. Et pour cause, le patron du PPS se voit reprocher par le Cabinet royal ses « déclarations non fondées » dans lesquelles il accuse un conseiller du Roi Mohammed VI, sans le nommé, d’incarner l’« autoritarisme ».
Par Hicham Alaoui
« Il semble clair que cette déclaration, qui intervient après d’autres déclarations tout aussi irresponsables de M. Nabil Benabdellah, n’est qu’un outil de diversion politique en période électorale, qui requiert de s’abstenir de lancer des déclarations non fondées », souligne d’un ton sévère le communiqué du Cabinet royal.
Les propos de M. Benabdallah, un vieux routier de l’arène politique marocaine, ne sont pas de nature à apaiser le débat à la veille d’importantes échéances électorales. Pis encore, ces propos émanent d’un ministre, censé faire preuve de discernement et de maturité politique. A moins que son alliance stratégique avec les islamistes du PJD (Parti Justice et Développement) n’ait obscurci sa vision et faussé son jugement.
« En rendant public ce communiqué explicatif, le Cabinet Royal tient à lever toute équivoque au sujet de ces déclarations eu égard à leur caractère important et dangereux, d’autant plus qu’elles émanent d’un membre du gouvernement et que la personne visée occupe actuellement la fonction de Conseiller de SM le Roi et elle n’a plus aucune relation avec l’action partisane », lit-on dans le communiqué du Cabinet royal.
Il est clair que la course pour gagner les élections législatives du 7 octobre a fait tomber le leader du PPS dans un grave amalgame en confondant « parti » et « fondateur ». Il est à rappeler que le conseiller du Roi, Fouad Ali El Himma, sur lequel Benabdallah a tiré à boulets rouges dans son entretien avec l’hebdomadaire « Al Ayyam », a coupé les ponts avec le parti depuis 2011 pour rejoindre le Cabinet royal.
Il est du devoir des acteurs politiques d’observer scrupuleusement les règles de probité et d’éthique électorales et de se lancer dans une compétition loyale pour consacrer le principe de la moralisation de la vie politique et par ricochet respecter les règles du jeu démocratique. De là à avancer des propos infondés ne servira en rien le processus électoral ni la pratique démocratique au Maroc, notamment en cette période électorale. Le communiqué du Cabinet royal était on ne peut plus clair : Cette période électorale requiert de « s’abstenir d’utiliser des concepts qui portent atteinte à la réputation de la patrie et à l’intégrité et la crédibilité des institutions, dans une tentative de gagner des voix et la sympathie des électeurs ».
Autre aspect du caractère dangereux de ses déclarations est que Benabdallah n’a apparemment pas bien saisi le discours royal prononcé le 20 août dernier à l’occasion de la révolution du Roi et du peuple. Dans ce discours, le Roi a invité les partis à ne plus mêler l’institution monarchique aux querelles partisanes. « (….) ces déclarations sont en contradiction avec les dispositions de la Constitution et les lois qui encadrent la relation entre l’Institution monarchique et toutes les institutions et les instances nationales, y compris les partis politiques », poursuit le texte du communiqué.
Il est grand temps pour le leader du PPS et ses acolytes de s’abstenir de lancer des déclarations infondées, de se conformer aux règles de la compétition électorale et de préparer un programme électoral ambitieux et réaliste répondant à l’impératif de l’heure et éviter toute surenchère politique ou règlement de compte. La fuite en avant n’a jamais servi à quelque chose, sinon à révéler au grand jour les tares de ceux qui la pratiquent.
Nabil Benabdallah doit garder à l’esprit qu’il fait partie d’une formation politique au référentiel historique reconnu et qui a fait de l’édification d’un Etat de droit, fondé sur la promotion des libertés et sur des institutions démocratiques, un choix essentiel.