"Avec la chute durable des prix des hydrocarbures, l’Algérie est contrainte d’entrer en ce début d’année dans une phase d’austérité au risque de faire exploser la colère dans la rue", explique la publication, notant que l’an dernier, face à la perte de plus de la moitié de ses revenus extérieurs, la banque d’Algérie a déprécié le dinar et le gouvernement du Premier ministre Abdelmalek Sellal a contingenté les importations de nombreux produits.
"À mesure que s’empilent les mesures d’austérité, et que les prix augmentent -officiellement en hausse de 6,2 % en novembre 2016- le quotidien des Algériens s’assombrit. Et beaucoup sont menacés dans leur emploi", poursuit le quotidien, rappelant qu’à la fin de 2016, la grogne s’est d’abord propagée dans la fonction publique.
Collèges, lycées, et une partie des structures de santé publiques ont débrayé pour contester la suppression du droit à la retraite proportionnelle sans condition d’âge, souligne l’auteur de l’article, ajoutant que les mouvements de protestation ont repris dimanche dernier dans plusieurs wilayas, après le vote de cette réforme par le parlement.
L’auteur de l’article fait aussi remarquer qu’alors, quand la loi de finances 2017 a confirmé la dégradation inévitable du niveau de vie des Algériens, la colère a explosé, notant que début janvier, le mot d’ordre de grève générale des commerçants pour protester contre la hausse de 2 % de la TVA a rapidement tourné à l’émeute dans la ville de Bejaia, en Kabylie : des jeunes désœuvrés se sont attaqués aux forces de l’ordre massivement déployées, pillant ou dégradant au passage les enseignes de grands magasins et des bâtiments publics.
"La seconde moitié du quatrième mandat présidentiel s’annonce à haut risque pour Abdelaziz Bouteflika, fortement ébranlé par la crise économique provoquée par la baisse des cours du brut", relève la publication, faisant observer que les avis sont partagés dans le camp de la majorité présidentielle sur les marges qui restent pour mener une politique d’austérité.
"De près de 200 milliards de dollars en 2014, les réserves de change devraient passer sous le seuil des 100 milliards au cours de l’année (elles étaient de 114 milliards à fin 2016), aucun redressement substantiel des cours du pétrole n’étant attendu", note le journal, soulignant que l’Algérie a chuté la semaine dernière de vingt places dans le classement de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption dans le monde (de la 88e place en 2015 à la 108e en 2016 sur 176 pays), ce qui illustre ce climat délétère.
