Le décret migratoire bloqué, Trump en colère
L’administration américaine a bloqué samedi l’application du décret migratoire de Donald Trump visant les ressortissants de sept pays musulmans, appliquant une décision judiciaire qualifiée de « ridicule » par le président américain.
Conséquence immédiate, l’administration américaine a été contrainte de réouvrir, au moins temporairement, les portes des Etats-Unis aux ressortissants des pays visés.
"L’opinion de ce soi-disant juge, qui en gros prive notre pays de sa police, est ridicule et sera cassée!", a prévenu le nouveau président américain dans une salve de tweets samedi matin.
"Quand un pays n’est plus en capacité de dire qui peut et qui ne peut pas entrer et sortir, surtout pour des raisons de sûreté et de sécurité – gros problèmes!", a-t-il encore tweeté.
Dans un troisième message sur le réseau social devenu son moyen de communication préférentiel, il a jugé "intéressant que certains pays du Moyen-Orient soient d’accord" avec son décret. "Ils savent que si certaines personnes sont admises (aux Etats-Unis) c’est la mort et la destruction!"
– Premiers effets –
Les conséquences de la décision du juge Robart se sont traduites samedi par un renversement des restrictions imposées par le décret.
Le ministère de la Sécurité intérieure a affirmé à l’AFP qu’"en accord avec la décision du juge, le ministère a suspendu toutes les actions qui mettent en oeuvre" le décret.
Les contrôles aux frontières, précise Gillian Christensen, un porte-parole du ministère, reviennent "aux procédures habituelles".
La diplomatie américaine a de son côté annoncé être revenue sur la révocation de quelque 60.000 visas.
"Nous avons renversé la révocation provisoire des visas entraînée par le décret présidentiel 13769. Les personnes munies de visas qui n’ont pas été physiquement annulés peuvent désormais voyager si le visa est valide", a expliqué une porte-parole du Département d’Etat dans un communiqué.
Les vols à travers le monde en direction des Etats-Unis, à l’instar de ceux de la compagnie aérienne Qatar Airways, acceptaient de nouveau les ressortissants des sept pays visés par le décret.
Ce dernier, qui a engendré une vague d’indignation et de protestations à travers le monde, fermait les portes des Etats-Unis pendant trois mois aux ressortissants d’Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, et Yémen, le temps que les autorités américaines revoient leur dispositif anti-terroriste aux frontières.
Il prévoyait également l’interdiction de tous les réfugiés, ainsi que celle des Syriens jusqu’à nouvel ordre.
Sur son site, Qatar Airways indique qu’elle va se conformer aux nouvelles directives, du moment que les passagers possèdent un visa en règle.
A Téhéran, une agence de voyage a conseillé "à tous ceux qui ont un visa" de prendre "un avion pour n’importe quelle ville (des Etats-Unis) ce soir".
– Bras de fer –
La Maison Blanche, elle, entend mener le bras de fer et faire appliquer le décret du 45e président américain, en dépit des condamnations jusque dans le camp républicain.
Samedi, le porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure a précisé à l’AFP qu’"au plus tôt, le ministère de la Justice entend déposer une injonction d’urgence pour défendre le décret".
L’exécutif avait déjà annoncé cette intention dans un communiqué vendredi soir, qualifiant de "scandaleuse" la décision du juge Robart, avant de retirer ce terme.
En substance, la plainte déposée lundi par le ministre de la Justice de l’Etat de Washington, Bob Ferguson, estime que le décret va à l’encontre des droits constitutionnels des immigrés car il cible spécifiquement les musulmans.
"Personne n’est au-dessus de la loi, pas même le président", s’était réjoui Bob Ferguson après la décision du juge de Seattle, nommé par l’ex-président républicain George W. Bush.
Le décret s’est traduit le week-end dernier par l’interpellation dans les aéroports de 109 personnes résidant légalement en Amérique, selon la Maison Blanche, tandis que des centaines d’autres étaient empêchées d’embarquer à destination des Etats-Unis.
La colère reste intacte à travers le monde, une semaine après la signature du décret, et plusieurs milliers de personnes manifestaient encore samedi à Londres.