C’est l’essence et l’esprit de la dernière résolution des Nations unies sur ce conflit qui prolonge de six mois supplémentaires les missions de la Minurso. L’Algérie est citée comme une partie incontournable de ce conflit. L’ONU l’accule à assumer ses responsabilités et agir en conséquence pour faire baisser la tension dans la région et trouver une solution de compromis acceptable par tous les partenaires de cette crise.
Et parce que pendant des décennies, la diplomatie algérienne a excellé dans le jeu des ventriloques et des manipulateurs de marionnettes, la position de l’ONU sur son véritable rôle a eu l’effet d’une lampe torche dans un nid de chauve-souris. Le temps de faux semblants, des subterfuges, des doubles langages est révolu. Aujourd’hui, une réalité s’impose à tous : Cette crise sécessionniste au sud du Royaume du Maroc ne perdure que parce qu’il y a un pays qui s’appelle l’Algérie qui a élaboré un agenda antagoniste à l’égard du Maroc et qui sous-traite sa haine à son égard par le biais d’un groupe de mercenaires.
L’Algérie n’a économisé ni ses ressources financières ni son appareil diplomatique pour vendre et défendre les intérêts de ce mouvement séparatiste. Cette stratégie s’est élaborée au détriment des intérêts du peuple algérien dont de larges franges sont obligées de subir des frustrations sociales indignes d’un pays à la richesse énergétique comme l’Algérie. Elle s’est faite aussi sur la mort clinique du rêve unitaire des pays du Maghreb qui voyaient dans leur rapprochement inévitable géographique et culturel et la complémentarité de leurs économies un moteur essentiel de leur développement et leur sécurité.
En mettant une lumière aussi crue sur le rôle de l’Algérie dans la crise du Sahara, les nations unies l’obligent à sortir de cet espace confortablement gris-clair dans lequel évolue sa diplomatie. D’une part, il faut qu’elle se positionne sur l’armement et le soutien logistique qu’elle apporte à un mouvement dont l’existence et l’objectif structurel est de maintenir une menace de déstabilisation sur l’ensemble de la région, voire de nourrir des organisations terroristes. D’autre part ce fait nouveau exerce une pression supplémentaire et inédite sur le régime algérien, qu’il soit dirigé par l’actuel président Abdelaziz Bouteflika ou par son successeur de devoir justifier une hémorragie économique déversée dans une cause aussi incompréhensible qu’impopulaire en Algérie.
Il est vrai que jusqu’à présent le verrouillage médiatico-politique des faiseurs d’opinions algériens sur le Polisario a fonctionné sur la contrainte, l’explosion, voir la terreur. Les lignes rouges étaient tracées au nom d’une mythologie politique devenue aujourd’hui caduc. Le fait que l’Algérie redevienne aux yeux du monde entier un partenaire essentiel de cette crise impose une autre vision des algériens et sans doute un autre son de cloche sur l’implication et les choix de leur pays dans cette persistance crise régionale. Cela ne se fera pas sans que les lignes internes puissent bouger avec ce que cela implique en termes de possible réorientation politique de la diplomatie algérienne.
Ce possible mouvement au sein de la société algérienne sur le Polisario se fera fatalement alors que la communauté internationale a validé les propositions marocaines sur le compromis historique de l’autonomie proposée par le royaume comme unique sortie de crise. Dans ce cas de figure et comme le montre déjà le format de rencontre à Genève proposé par les nations unies et accepté par tous les protagonistes, les grandes manœuvres politiques des uns et des autres ne pourront se faire qu’à l’intérieur de l’offre marocaine. Acculée, l’Algérie n’aura d’autres choix que d’en accepter les contours et les mises en exécution sur le terrain ou alors prendre la responsabilité d’une dangereuse fuite en avant suicidaire qui pourrait provoquer toutes les ruptures et amener le chaos et l’instabilité.