Dans cette interview, M. Adesina revient sur plusieurs sujets, notamment le rôle de la Banque, la contribution du Maroc au Fonds africain de développement (FAD), ainsi que les financements de l’Institution dans le Royaume.
Tout d’abord, quelle est la différence entre une banque de développement et une banque commerciale ?
Contrairement aux banques commerciales, qui ont pour objectif principal de réaliser un profit sur les intérêts générés par les prêts, les banques de développement visent à générer un profit social à travers des projets de développement.
En effet, les banques de développement sont des institutions financières qui fournissent des capitaux à long terme aux secteurs productifs, souvent pour des infrastructures, une aide à la gestion et une assistance technique.
D’ailleurs, les infrastructures dans les pays en développement constituent un objectif non seulement parce qu’elles impliquent des coûts en capital plus élevés, mais sont également essentielles pour créer les conditions idéales pour l’innovation.
Ce qu’il faut aussi savoir dans ce sens, c’est que la BAD s’appuie essentiellement dans sa stratégie sur cinq priorités de développement, à savoir éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains.
Ce sont des domaines d’intervention prioritaires et indispensables pour la transformation de l’existence des populations africaines et cadrent donc avec le programme des Nations Unies relatif aux Objectifs de développement durable (ODD).
Quid des financements de la BAD au Maroc ?
Depuis 1978 et jusqu’à la fin 2020, plus de 170 opérations dans différents secteurs ont été déployées par la Banque, pour un total de plus de onze milliards de dollars américains.
D’ailleurs, à la fin de l’année 2020, le portefeuille actif de la Banque comptait 36 projets et programmes, représentant plus de 3,8 milliards de dollars américains.
Des engagements répartis sur les secteurs de l’énergie (31%), des opérations multisectorielles (22%), du développement social et humain (13%), du secteur privé (13%), de l’eau et de l’assainissement (10%), des transports (9%) et de l’agriculture (2%).
En 2022, la BAD et le ministère marocain de l’Economie et des Finances ont signé deux accords de prêts d’un total de 91 millions d’euros, destinés à compléter le financement des projets d’extension et de modernisation de l’aéroport de Rabat-Salé et de construction du port Nador West Med.
Et plus récemment, le Conseil d’administration de la BAD a approuvé un financement de 87 millions d’euros en faveur du Programme d’appui à la généralisation de la couverture sociale au Maroc, avec pour premier objectif de consolider les bases d’un programme de protection sociale viable selon une approche régionale de développement des politiques sociales, plus intégrée et plus inclusive.
Vu l’importance grandissante de ce chantier pour le Royaume, nous estimons que ce programme contribuera à élargir la protection sociale, en particulier à la petite enfance, aux jeunes ainsi qu’aux travailleurs indépendants, en plus de contribuer à l’amélioration de la qualité du capital humain.
Le Maroc est devenu un des pays contributeurs au Fonds africain de développement. Quel est votre commentaire ?
Cette contribution constitue « un geste noble » et je tiens à remercier Sa Majesté le Roi Mohammed VI à cet effet.
Chaque contribution au Fonds nous permettra de procéder à des financements et des subventions à des conditions favorables aux pays africains confrontés à des défis émergents et de contribuer au développement économique et social de ces pays.
– En quoi consiste l’importance de l’installation du siège du fonds Africa50 au Maroc?
Ce qu’il faut savoir c’est que le Maroc a été l’un des premiers pays à soutenir la création d’Africa50. Il est le pays hôte du siège d’Africa50 et un actionnaire majeur à double titre à travers la participation de l’Etat marocain et celle de Bank Al-Maghrib (BAM) dans le capital d’Africa50.
Le Royaume, de par son système de gouvernance, constitue « un environnement propice » qui sera à même de favoriser la mobilisation des ressources et des capitaux pour l’Afrique.
Ce qu’il faut aussi rappeler dans ce sillage, c’est que l’agence de notation financière Fitch Ratings Ltd a confirmé la note de crédit AAA de la BAD, ce qui permettra à celle-ci de se distinguer des autres institutions financières et facilitera, par ricochet, la mobilisation des ressources par l’institution auprès des investisseurs au bénéfice du continent dans un contexte marqué par le creusement des déficits budgétaires.