« On sera là »: la main sur l’épaule d’habitants éprouvés, Emmanuel Macron a promis mercredi que l’Etat apporterait « plusieurs centaines de millions d’euros » pour reconstruire « très vite » les vallées des Alpes-Maritimes dévastées vendredi par des crues qui ont fait au moins cinq morts.
« On a eu la sensation d’être oubliés pendant 48 heures, faut pas nous oublier, faut refaire notre belle Roya et qu’on revive », lui lance une habitante en larmes à Tende, un village de 2.000 âmes accessible uniquement en hélicoptère depuis le déluge de vendredi soir.
Emmanuel Macron lui met la main sur l’épaule: « On mettra les moyens, on sera là ». Le chef de l’Etat a passé plus d’une heure à réconforter des habitants sous le choc, lors d’une tournée en hélicoptère dans plusieurs villages sinistrés.
La voix nouée, le maire de Tende Jean-Pierre Vassallo lui a raconté ces terribles heures où des pluies torrentielles se sont abattues sur son village. « Le vendredi soir, c’était le cauchemar, les maisons tombaient les unes après les autres, on a évacué l’Ehpad, (…) on a fait un véritable miracle ».
Le bilan grimpe à 5 morts
En quelques heures, des trombes d’eau se sont abattues sur trois vallées au nord de Nice, entraînant des crues très brutales. Le bilan a atteint au moins cinq morts, 7 « disparus » et 13 « probables disparus », a annoncé Emmanuel Macron. Deux autres personnes sont mortes dans le nord de l’Italie, lors de cet épisode pluvieux.
La reconstruction des routes arrachées, des maisons éventrées et des réseaux d’adduction d’eau ou d’électricité doit aller « très vite », a poursuivi le chef de l’Etat en arrivant dans un autre village sinistré, Breil-sur-Roya.
Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, parle d’un chantier à un milliard d’euros.
Pour y faire face, le chef de l’Etat a annoncé le déblocage de 100 millions d’euros pour alimenter un « Fonds d’urgence 06 » et de 50 millions du fonds Barnier de prévention des risques naturels majeurs.
Il a précisé lors d’une interview sur TF1 et France 2 que l’Etat apporterait au final « plusieurs centaines de millions », auxquels s’ajouteront les fonds d’une « conférence des financeurs » réunissant l’Etat et les collectivités. « Peut-être qu’à la fin ce sera un milliard », a-t-il lancé, « on ne peut pas demander aux collectivités ni aux particuliers de se retrouver seuls ».
A Tende, parmi les plus touchées par ces intempéries, beaucoup ont parlé au président de l’urgence de rétablir la ligne de train alors que la route depuis Vintimille a été emportée à de nombreux endroits.
« Dans les prochaines heures, on va rouvrir un accès (routier) par l’Italie », a-t-il dit. « Dans 4 à 5 semaines le train pourra refonctionner » mais « pour la route principale, ça va prendre des mois car il y a des ponts à refaire, je ne vais pas vous mentir », leur a répondu le chef de l’Etat.
Reconstruire de façon « durable »
Adopté mercredi, l’arrêté de catastrophe naturelle pour 55 communes sera publié jeudi. Il permettra « de déclencher des indemnisations », assure le président aux villageois, précisant que 80% du coût des maisons à reconstruire seront pris en charge.
Mais, « on va pas reconstruire à l’identique, car il faut quelque chose de résilient » en limitant l’artificialisation des sols, en préservant les espaces naturels pour prévenir les catastrophes, prévient Emmanuel Macron. Et certaines maisons dans les zones à risque devront être évacuées, a-t-il expliqué.
Le président du département, Charles-Ange Ginesy, réclame à ce sujet 250 millions pour la prévention des risques.
Car, avec le réchauffement de la planète, ces épisodes de pluie extrêmes (dits « épisodes méditerranéens »), liés à des remontées d’air chaud et humide de la Méditerranée, risquent de devenir de plus en plus intenses, souligne Météo France.
Le rôle de l’Etat est aussi « d’agir enfin sur les causes ». « Or, le gouvernement n’en finit pas de brandir des +jokers+ pour refuser les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat », a dénoncé le mouvement Génération Ecologie dans un communiqué.
A Breil-sur-Roya, Emmanuel Macron s’est rendu à la gare, transformée en plateforme logistique, où affluent les nombreux dons en provenance de collectivités, de grandes surfaces, d’associations et de particuliers.
Les victuailles et biens de premières nécessités, en vrac sur le ballast, attendaient leur chargement pour gagner Tende et ses hameaux, La Brigue, Saorge et Fontan, isolés par la route démolie par les crues.
Vers 19H15, il arrivait dans la vallée voisine, à Saint-Martin-Vésubie, où il a de nouveau salué les forces de secours mais aussi discuté avec le maire de Nice Christian Estrosi puis le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Il a enfin redécollé pour Nice où il était attendu au centre opérationnel départemental avant de regagner Paris.
« Nous en avons pour des mois tous ensemble », a-il promis mercredi soir.