Le nombre d’attentats islamistes en Europe a légèrement baissé en Europe en 2019, selon un rapport du Centre français d’analyse du terrorisme (CAT), qui pointe les difficultés de l’organisation Etat islamique (EI) depuis la perte de son califat auto-proclamé.
« En 2019, la menace était principalement endogène. L’évolution de la situation militaire en Syrie a entrainé la diminution de l’activité jihadiste et de la capacité de l’Etat Islamique à perpétrer des attaques en Europe », indique le rapport du CAT, un institut indépendant.
En 2019, 25 « incidents terroristes » ont visé l’Union Européenne dont 3 attentats, 5 tentatives et 17 projets d’attentats, contre 4 attentats, 1 tentative et 21 projets en 2018, indique le document.
La France demeure la cible numéro un des jihadistes: elle totalise un tiers (32%) des attentats, tentatives ou projets, contre 16% pour l’Allemagne et le Royaume-Uni et 8% pour les Pays-Bas et l’Espagne.
Le bilan humain entre 2019 et 2018 varie peu lui aussi: les attentats ont fait 10 morts et 34 blessés sur l’ensemble de l’année contre respectivement 13 et 37 l’année précédente.
Un pic avait été atteint en 2017 avec un total de 15 attentats, 7 tentatives et 40 projets en Europe, avant deux années de baisse consécutive. Des chiffres à mettre en relation avec la création en 2014, l’expansion puis la chute en 2019, du califat territorial de l’EI en Irak et en Syrie.
Selon le CAT, l’an dernier, la menace n’est ainsi jamais venue de groupes passés par la Syrie. A peine 4% des attentats ont été « téléguidés » (« exécutés par des individus sans expérience jihadiste à l’étranger et en relation avec un donneur d’ordre sur zone »).
Plus d’un quart des « incidents terroristes » (28%) ont été « inspirés » (« individus répondant aux appels d’une organisation terroriste sans entretenir de liens directs avec elle »), précise le rapport. Les autres n’ont pas été clairement classés par le CAT.
Le groupe EI avait expérimenté la gestion d’un proto-Etat, produisant des livres scolaires et battant une monnaie. Depuis la chute de Baghouz en mars 2019 et la fin du califat au terme de plusieurs années de guerre, il se tourne notamment vers des tactiques de guérilla.
Son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, mort dans un assaut américain, a été remplacé par un nouveau « calife des musulmans » nommé Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi, mais dont l’identité réelle reste incertaine.
« La mort d’Al-Baghdadi ne signifie pas la fin de la menace terroriste car la matrice idéologique est toujours bel et bien présente », a commenté pour l’AFP Manon Chemel, co-signataire du rapport, rappelant que des attaques ont déjà été déplorées depuis début 2020.