Emmanuel Macron envisage de transformer l’islam de France sous la pression d’un contexte politique et sécuritaire d’une grande sensibilité. La France vient de vivre une séquence dans laquelle le pays a été durement frappé par le terrorisme au nom d’un Islamisme radicalisé assumé. Ces attaques terroristes ont été précédé par une lente et sournoise radicalisation « religieuse » d’une partie de sa jeunesse qui a répondu favorablement aux sirènes du Jihad mondial qui prend la Syrie, l’Irak, la Libye ou le Sahel comme théâtre d’activité.
Ces brusques terroristes et l’arrière plan religieux de leurs revendications et motivations ont mis en lumière les défaillances du processus de production du discours religieux. Les responsables des structures de l’Islam de France ont été mis à l’index. Certains, pour se dédouaner, ont affirmé que les processus de radicalisation ne passe que très rarement par les voies traditionnelles, mosquées et autre associations cultuelles, et que les nouveaux moyens de communication, internet et réseaux sociaux, ont pris la place d’un nouveau magistère qui lave les cerveaux et manipule les personnalités fragiles et défaillantes.
Cette préoccupation sécuritaire, le fruit d’un contexte national sous pression et d’une conjoncture internationale qui voit un dangereux épanouissement des organisations terroristes, fut sans doute à l’origine de l’intérêt que porte Emmanuel Macron à ce chantier de l’Islam de France. Et même si les idées présidentielles demeurent au stade de là réflexion et de la consultation, les défis qui l’attendent tournent principalement autour de trois éléments essentiels.
Le premier est celui du financement et de construction des lieus de culte en France. De par la loi qui régit ces questions, L’Etat se retrouve dans une paralysante contradiction. Il ne peut s’investir dans ces chantiers sous peine de remettre en cause sa légendaire neutralité, il ne peut laisser prospérer des lieux de culte financés par des fonds parfois tout aussi occultes qui imposent un agenda politique et religieux. Les pouvoirs publiques ont la responsabilité politique et sociale de garantir des lieux de culte décents pour éviter les scandaleuses et dégradantes images des prières de rue mais aussi relever le défi des mécanismes de leurs financements.
En arrière plan de cette problématique dont l’ambition manifeste est de tenter de couper le cordon ombilical entre les musulmans de France et certains financements venus de l’étranger, le retour en force d’une idée mainte fois évoquée mais jamais appliquée, celle de la fameuse « Taxe Hallal » censée fournir une auto financement du culte musulman pour le libérer de sa dépendance . Cette idée séduisante sur le papier paraît aux yeux de certains difficile à mettre en œuvre. La performance de Macron sur le sujet semble de trouver les mécanismes d’applications et de persuasion pour qu’un tel projet puisse fabriquer du consensus plutôt que d’être producteur de zizanies et de divisions.
Le troisième défi qui attend Emmanuel Macron est de se procurer un interlocuteur responsable et représentatif de l’ensemble des sensibilités qui traversent l’Islam de France. L’actuel conseil français du culte musulman dont la philosophent représentative est basée sur le géographie des mosquées a montré ses limites et ses failles.
En l’absence de clergé musulman , Il ne s’agit ni plus ni moins que d’imaginer un partenaire que Jouera auprès de l’Etat français le rôle du grand rabbin de France pour la communauté juive ou les évêques de l’église nommés par l’église auprès des autorités française. Il s’agira forcément d’une autorité religieuse reconnue et crédible pour pouvoir encadrer la production d’un discours religieux musulman nécessairement et impérativement compatible avec les valeurs de la République.
Cette démarche transformatrice d’Emmanuel Macron n’est pas accueillie à bras ouverte par le CFCM existant. Son actuel patron, le Français d’origine turc Ahmet Ogras lève l’étendard du défi: « Chacun doit rester dans son rôle. Aujourd’hui le culte musulman est une religion, donc elle gère elle-même sa maison (…) il ne faut surtout pas de tutelle de la part de l’Etat, juste un rôle de facilitateur ». Emmanuel Macron pourrait entendre ce message comme il pourrait passer outre . Le locataire de l’Elysée sait qu’il s’engage dans un chantier politiquement radioactif. Où il réussi son pari et entre dans la grande histoire comme l’homme qui a su apaiser et innover dans la relation entre l’Islam et l’Etat français, ou il improvise un bricolage institutionnel et déroule malgré lui le tapis rouge à ses opposants à droite et à l’extrême droite pour le critiquer et l’affaiblir aux yeux des Français dont le pays abrite la plus grande communauté musulmane d’Europe et pour qui l’Islam est toujours une religion source d’inquiétudes et d’angoisses.