"Je vous propose d’agir dès ce soir, de vous lever, de montrer vos rubans blancs, parce qu’effectivement, maintenant on agit", a lancé le maître de cérémonie Manu Payet à l’adresse des professionnels dans la salle qui, debout, ont applaudi.
Réunis à Paris, les 1.700 invités ont été conviés à arborer ce ruban afin de soutenir "celles et ceux qui oeuvrent concrètement pour qu’aucune femme n’ait plus jamais à dire #MeToo".
"Ce soir je porte ce ruban blanc, comme beaucoup d’autres ici, en soutien à la lutte contre les violences faites aux femmes, et bien entendu contre les violences faites à chacun", avait pour sa part déclaré la présidente de cérémonie, Vanessa Paradis, en ouvrant le bal.
Les lauréats ont toutefois peu fait allusion à cette problématique lors de leurs remerciements, lors d’une cérémonie qui a sacré comme meilleur film "120 battements par minute" de Robin Campillo, fresque sur les années sida à travers le combat de l’association Act Up.
Le film, qui avait bouleversé le Festival de Cannes l’an dernier en y décrochant le Grand prix, a reçu au total six César, dont également ceux du meilleur espoir masculin pour Nahuel Perez Biscayart et du meilleur second rôle masculin pour Antoine Reinartz.
Robin Campillo a tenu à attirer l’attention sur les migrants: "Il est temps de les entendre, car comme il y a 25 ans, silence = mort", a-t-il lancé.
L’écrivain Pierre Lemaitre, co-scénariste de l’autre grand favori de la soirée "Au Revoir là-haut", film adapté de son roman sacré du Goncourt en 2013, a lui aussi tenu à adresser "un salut fraternel" à ceux qui "se trouvent situés aux marges de la société, et parfois à la limite de l’exclusion", les "pauvres, les mal logés, les précaires (…) les réfugiés".
"Au Revoir là-haut", sur le destin de deux hommes pendant et après la Première Guerre mondiale, a lui reçu cinq trophées, dont celui de la meilleure réalisation pour Albert Dupontel, absent de la cérémonie.
Face à Jean-Pierre Bacri ou Louis Garrel, le César du meilleur acteur est revenu à Swann Arlaud, 36 ans, pour son rôle d’éleveur angoissé confronté à une épidémie dans "Petit paysan", premier film d’Hubert Charuel sur le monde agricole.
Au total, "Petit paysan" a reçu trois prix, dont également celui du meilleur premier film et celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Sara Giraudeau.
Le César de la meilleure actrice est de son côté revenu à Jeanne Balibar pour son interprétation troublante de la chanteuse Barbara dans le vrai-faux biopic de Mathieu Amalric sur l’inoubliable interprète de "L’Aigle noir".
En recevant son prix, l’actrice de 49 ans a évoqué "toutes ces choses dont nous parlons, graves, les graves emmerdements voire les graves délits", dans une allusion aux violences faites aux femmes.
Souvent taxés d’élitisme et d’entre soi, ces 43e César ont aussi innové en remettant pour la première fois un prix au film ayant fait le plus d’entrées en salles en 2017: la comédie "Raid dingue" de Dany Boon.
"Je ne vous remercie pas, vous… mais je vous aime quand même", a lancé le comique, acteur et réalisateur à l’adresse des professionnels réunis dans la salle, avant de saluer "le public français, qui aime tous les cinémas et grâce à qui nous sommes réunis".
Dans le registre de la comédie, "Le Sens de la fête" de Toledano et Nakache a en revanche fait chou blanc malgré ses dix nominations.
La soirée a aussi été marquée par des hommages aux disparus de l’an dernier, Jeanne Moreau, Danielle Darrieux, Jean Rochefort et Johnny Hallyday, dont la fille Laura Smet a fait une brève apparition pour remettre un César.
Très émue, l’actrice espagnole Penelope Cruz a reçu des mains de Pedro Almodovar un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, tandis que le César du meilleur film étranger est revenu à "Faute d’amour" du Russe Andreï Zviaguintsev. Film qui sera aussi en lice pour un Oscar dimanche soir. (afp)