La controverse enfle à droite sur l’affaire Ali Soumaré
Les attaques de certains élus UMP d’Ile-de-France contre le socialiste Ali Soumaré, un jeune homme d’origine malienne, ont provoqué des étincelles au sein de la majorité, semant la pagaille dans sa campagne pour les élections régionales.
Dans un communiqué également signé de Sébastien Meurant, maire de Saint-Leu-la-Forêt, et adressé à diverses rédactions, Francis Delattre demande le retrait d’Ali Soumaré de la liste PS aux régionales. Il a aussitôt reçu le soutien d’Axel Poniatowki, qui mène la liste UMP dans ce département de la région parisienne
L’affaire a suscité l’indignation au Parti socialiste, où de nombreux dirigeants réclament des excuses de la tête de liste du parti présidentiel Valérie Pécresse, contestée jusque dans son camp.
La ministre de l’Enseignement supérieur a condamné l’opération menée par des élus UMP autour du passé judiciaire d’Ali Soumaré après les déclarations du procureur de Pontoise selon qui la majeure partie des accusations sont infondées.
L’Une des plus graves accusations attribuées à Ali Soumaré par l’UMP concerne en réalité un homonyme. Valérie Pécresse a regretté la démarche de dénonciation de Francis Delattre "qui ne correspond ni à sa conception de la politique, ni à ses valeurs."
Mercredi soir, le maire de Franconville a adressé ses "excuses publiques" au candidat Soumaré. Pour Jean-Paul Huchon, président sortant d’Ile-de-France et candidat à un troisième mandat, "c’est bien peu et c’est bien tard".
"Cela ne rapporte jamais (électoralement) à des partis républicains, à la République et aux Français de se retrouver comme ça dans des attaques calomnieuses et nauséabondes", a dit le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, sur France 3.
Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, a fait deux propositions pour "l’après-Soumaré": il souhaite que les candidats publient leur casier judiciaire, quelle que soit l’élection, et que soient déclarés inéligibles les personnes condamnées pour des violences contre les personnes.
Après la secrétaire d’Etat Chantal Jouanno, tête de liste à Paris pour les régionales qui a pris ses distances avec l’opération dès ce week-end, Fadela Amara est montée au créneau.
"Cette campagne est un peu, allez, puante. Ça ne fait pas honneur à la vie politique", a dénoncé la secrétaire d’Etat à la Ville, sur TV5 Monde. "On est dans des dérives et des dérapages qui ne sont pas bons pour la vie politique".
Fadela Amara, figure du combat en faveur des banlieues, a précisé qu’elle connaissait "parfaitement" Ali Soumaré, candidat d’origine malienne. "Une chose est sûre, c’est que le fait qu’il soit noir a joué et ça, ça ne sent pas bon", a-t-elle déploré.
Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a appelé au calme. "Il faut que la campagne régionale se déroule dans un climat calme, apaisé, que ce soit l’occasion d’une confrontation des propositions et des bilans", a-t-il expliqué lors d’un déplacement à Paris.
Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis, a, lui, attaqué personnellement Valérie Pécresse, qui fait selon lui une "campagne d’amateur". "On a perdu l’Ile-de-France", a-t-il accusé.
L’affaire Soumaré est selon lui à la fois une "redoutable erreur" et une "bêtise". "On fait de la politique pour battre un adversaire pas pour l’abattre", a-t-il déclaré sur RMC.
L’avocat d’Ali Soumaré, Me Jean-Pierre Mignard , a indiqué qu’il va saisir "dans la semaine" le doyen des juges d’instruction de Pontoise d’une plainte en diffamation.
Une plainte pour violation du secret professionnel va également être déposée concernant une présumée conduite sans permis reprochée à Ali Soumaré en mai 2009.