Oussama Ben Laden dont la presse américaine, citant des sources de l’Otan, vient d’affirmer qu’il était toujours vivant à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, semble avoir adopté à l’égard de la France la même technique de diabolisation qu’il avait pratiquée sur les Américains.
La France est identifiée comme cible ennemie alors que dans les précédents messages, elle faisait simplement partie de cet «Occident impie» que le chef d’Al-Qaïda rêve de combattre. Cette particularité a mis tous les clignotants dans le rouge. Bien avant le message d’Oussama Ben Laden, Nicolas Sarkozy, par le biais de son ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, avait tenté d’alerter l’opinion française sur l’éminence d’attentats terroristes contre le sol français. Les responsables français citaient des informations provenant de services généralement bien informés sur la question, à savoir les services algériens et saoudiens.
A cette période, Nicolas Sarkozy fut accusé par une partie de l’opposition de dramatiser à outrance le risque d’attentats terroristes pour détourner l’attention des Français et affaiblir leur mobilisation contre la réforme des retraites tant contestée. L’intervention d’Oussama Ben Laden, outre qu’elle met l’ensemble des services de sécurité en alerte absolue, a de fortes chances de compliquer la libération par la négociation des cinq Français travaillant pour le Groupe Areva enlevés le 16 septembre au nord du Niger par un groupe se réclamant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Dans leurs déclarations publiques, les responsables de la sécurité en France ne semblent pas attribuer au message de Ben Laden une soudaine menace terroriste contre la France puisque selon leurs analyses, la menace a toujours été réelle et permanente bien avant que le chef d’Al-Qaïda ne cible la France. Donc à l’exception de l’agitation médiatique provoquée par la preuve de vie donnée par Oussama Ben Laden à travers sa sortie «française», rien de bien nouveau sous le soleil du Sahel. Certains commentateurs vont jusqu’à affirmer que le grand show de la menace dans les médias auquel se livre Al-Qaïda serait inversement proportionnel à sa capacité opérationnelle de monter des attentats, affaiblie qu’elle est par la permanente guerre américaine contre le terrorisme.
Lorsqu’Oussama Ben Laden a diffusé son message à l’encontre de la France, le gouvernement français avait fait preuve d’un visible sang-froid. Pas de réunions d’urgence tenue au sommet pour discuter de la pertinence de la menace, pas de déclaration incendiaire trahissant un état fébrile et excité, pas d’overdose de communication pour entretenir les peurs et tenter de provoquer l’union sacrée. Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, s’est contenté d’un laconique maintien du plan «Vigipirate» à son niveau le plus rouge.