« Flottille de la paix », témoignage à atlasinfo d’un militant français, Youcef Benderbal: « Nous avons été traités comme des sous-hommes »
Youcef Benderbal, responsable de la communication au Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) revient sur les séquences douloureuses de ses compagnons d’infortune. «Les témoignages rapportés par mes collègues rentrés plus tard que moi d’Israël, sont bouleversants et traduisent un traitement cruel de la part des soldats israéliens ».
Retour sur certains faits
Le bateau à bord duquel voyageait Youcef Benderbal transportait des personnes de nationalités différentes parmi lesquels Edouard L. Peck, ancien ambassadeur américain en Irak, âgé de 81 ans, auquel le membre du CBSP tient à rendre un vibrant hommage pour avoir choisi de rester jusqu’au bout. « Mais c’est son compatriote qui a vraiment souffert. Il a été agressé de façon barbare et je pèse mes mots », souligne le militant pro-palestinien.
« Une première fois lorsque les soldats israéliens nous ont réunis sur le pont, il a refusé d’être interpellé, affirmant ne pas reconnaitre leur autorité puisqu’ils étaient montés à bord sans aucune autorisation, et leur signifiant qu’ils étaient dans l’illégalité. Les soldats l’ont attrapé, lui ont ligoté les poignets. Il s’est débattu et a été plaqué au sol. Ils ont fini par lui relâcher les mains. Lui, en a aussitôt profité pour sauter par-dessus bord avec un courage inégalable. Une vedette israélienne a alors essayé de le repêcher. Ce fut le début du calvaire pour cet américain. Passé à tabac, il a été mis en détention à la prison de Beersheva », raconte Youcef Benderbal.
A mille lieues d’envisager un tel dénouement
Les militants français n’avaient rien à se reprocher, tant sur le plan légal qu’humanitaire puisqu’ils avaient informé les autorités françaises de leur démarche. Leur objectif étant de venir en aide à une population en détresse. « Difficile de rester les bras croisés face à un million et demi d’habitants, confinés dans l’enclave la plus densément peuplée du monde », affirme Youcef Benderbal. Et de préciser, « l’opération reposait sur deux axes : le premier était d’ apporter un message de paix et de solidarité à une population assiégée, meurtrie et traumatisée des suites de l’offensive de 2008, le second visait à dénoncer et voire briser le blocus inhumain contraire, tant aux principes moraux, qu’au droit international dans la mesure où il s’apparente à une punition collective ».
Un sentiment de mission accomplie
Le projet sur lequel travaillait depuis plus d’un an le CBSP, « une famille, un toit » consiste à offrir des maisons préfabriquées sous forme de kit qui, une fois assemblées permettraient dans un premier temps à des familles de s’abriter temporairement et pouvant, dans un second temps servir de centres médicaux ou de centres éducatifs.
« Le CBSP s’est inscrit dans ce champ d’action pour éviter que toutes les organisations n’acheminent le même type d’aide, comme cela c’était produit en 2008 avec les médicaments et les ambulances». La mise en place de cette coalition humanitaire a semblé propice à la concrétisation du projet, comme l’explique Youcef Benderbal, qui évoque son caractère «extraordinaire du point de vue du militantisme, du point de vue des nationalités(…) on s’est dit qu’il n’y avait pas d’autre solution que de s’y joindre, pour ne passer par aucun intermédiaire».
Ce sont là les principales motivations du Comité de bienfaisance et de soutien aux palestiniens, dont l’appréhension à présent, est de voir les israéliens saisir ce matériel de construction, en dépit de leur promesse de l’acheminer vers Gaza.
« Que valent leurs paroles à la lumière de leur actes », s’interroge le membre du CBSP, plus que jamais animé d’un sentiment de devoir accompli, « quand bien même on ait été arraisonné, on a rien fait de particulier ».Une partie du chargement attend depuis des mois au point de passage de Rafah. « L’Egypte nous a fait les promesses du monde. Les Egyptiens nous ont réellement mené en bateau, c’est le cas de le dire », déplore Youcef Benderbal, convaincu que la seule et unique solution réside dans la levée du blocus.