Les sinistrés de Xynthia commencent à découvrir le sort de leur maison
Les propriétaires sinistrés par la tempête Xynthia ont commencé à découvrir jeudi dans les larmes, la colère ou la résignation, le tracé des « zones noires » décrétées inhabitables et le sort réservé à leur résidence.
En Charente-Maritime, les habitants de Charron, également inclus dans une "zone noire", ont été prévenus individuellement et sont invités à une réunion d’information avec le préfet jeudi soir.
Mais les habitants des autres communes du département devront attendre avant de savoir à quoi s’en tenir, selon les informations fournies par la préfecture.
Au total, 1.510 maisons doivent être détruites, dont 915 en Vendée et 595 en Charente-Maritime, selon les chiffres des deux préfectures.
Les premières critiques se sont faites entendre à propos des décisions de l’Etat, qui ne seront "pas négociables" pour les zones noires qui "présentent un danger de mort avéré", selon le préfet de Charente Maritime Henri Masse.
Les 15 maires de Charente-Maritime concernés, réunis à Châtelaillon-Plage, ont déploré le "manque de dialogue et d’équité" qui a prévalu à la préparation des cartes, selon le maire d’Yves, Didier Roblin.
"Ce n’est pas la carte des maires et les maires ne sont pas là pour cautionner l’Etat", a-t-il dit.
En Vendée, si le maire de l’Aiguillon-sur-mer Maurice Milcent a affiché une relative solidarité avec les choix de l’Etat qui a décidé de raser 241 habitations dans sa commune, le maire de la Faute-sur-Mer Claude Marratier a d’ores et déjà demandé une révision du zonage pour en réduire l’ampleur.
"Je reste persuadé qu’en zone inondable, il existe tout un arsenal de moyens techniques" pour prévenir les risques, a-t-il déclaré à la presse, en soulignant que, dans sa commune, la zone noire et ses 674 maisons représentait "8 à 10 hectares".
Si certains habitants ont affiché leur intention de résister aux décisions de l’Etat, la préoccupation semble plutôt concerner le montant de l’indemnisation.
Selon Bernard Spitz, le président de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), les propriétaires toucheront en moyenne 250.000 euros d’indemnisation, en comptant l’indemnisation versée par les assureurs et la contribution du Fond Barnier pour les catastrophes naturelles.
Lors de la réunion publique à la Faute-sur-Mer, le secrétaire général de la préfecture de Vendée David Philot a pris jeudi l’exemple d’une maison "d’une valeur de 400.000 euros": "si les assurances vous indemnisent à hauteur de 60.000 euros (…) le fond Barnier (pour l’indemnisation des catastrophes naturelles) apportera 340.000 euros".
Selon M. Spitz, 80% des sites sinistrés ont déjà fait l’objet de la visite d’un expert, et pour les 20% restants, il y aura une visite d’expertise "dans les prochains jours".
Le maire de l’Aiguillon-sur-mer a déclaré qu’il allait "tout faire" pour permettre aux personnes contraintes de quitter leur maison de rester sur la commune.
"Il me reste des zones où construire", a-t-il dit, avant d’expliquer qu’il va "faire le tour des agences immobilières" pour que les maisons en vente soient "accordées en priorité aux sinistrés".