Le candidat à la présidentielle de 2012 était interrogé sur l’accord conclu ce mois-ci par le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui mentionne la création d’un "siège européen" et la "suppression du droit de veto" pour "réformer et démocratiser" les Nations unies. "Ces propositions me semblent irréfléchies", a réagi le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé lundi sur France Info. Le droit de veto "a une valeur dissuasive", a expliqué le chef de la diplomatie française. "Il est rarement utilisé aujourd’hui mais il donne aux membres permanents actuels un poids tout à fait considérable".
En outre, pour lui, "le siège européen, à ce stade, n’a pas de sens" car "il n’y a pas sur toutes ces questions d’unité européenne". "Supprimer les postes permanents n’a aucune chance d’aboutir et (que) la Grande-Bretagne n’acceptera certainement pas de renoncer à son poste", a-t-il souligné.
M. Juppé a en revanche rappelé que la France était favorable à une réforme du Conseil de sécurité, "parce qu’il n’est pas à l’image du monde d’aujourd’hui". Paris soutient notamment la création de six nouveaux sièges permanents sans veto: quatre pour l’Allemagne, le Japon, le Brésil et l’Inde, et deux pour des pays africains. Le Conseil de sécurité, "nous proposons de l’élargir et non pas de le rétrécir", a insisté le ministre.
La secrétaire nationale d’EELV, Cécile Duflot, avait quant à elle qualifié d’"anachronique" le droit de veto de la France vendredi sur BFM-TV, tandis que la candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, disait dimanche sur la chaîne Antenne Réunion qu’elle voulait "sortir du système archaïque du veto donné à quelques pays".
La France bénéficie d’un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent, au même titre que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine. Elle l’a utilisé 18 fois depuis la création de l’Organisation en 1945, la dernière fois en 1989 sur un projet de résolution exigeant le retrait américain du Panama. En 2003, la menace du veto de Paris a contraint les Etats-Unis à se passer du mandat de l’ONU pour envahir l’Irak.