Nicolas Sarkozy n’ira sans doute pas jusqu’à signer la charte des valeurs de la gauche et donner un euro au PS français avant de glisser un bulletin dans l’urne. Mais pour qui voterait-il? De François Hollande, dit le Flanby allégé, ou de Martine Aubry, la Mèremptoire, quel serait son adversaire favori à l’élection présidentielle de 2012? Pour la plupart des journalistes et politologues, c’est François Hollande qu’il craint le plus. Le président choisirait donc Martine Aubry. Mais d’autres commentateurs, plus rares, supputent l’inverse.
Avantage Hollande
Actuellement, les sondages font apparaître Hollande comme principal «challenger» du président sortant. L’un des plus récents (Institut LH2) indique qu’au second tour de la présidentielle, François Hollande (60% des intentions de vote) écraserait Nicolas Sarkozy (40%). Mais Martine Aubry (57%) ferait presqu’aussi bien que son rival socialiste. De toute façon, les sondages n’offrent qu’une photo de l’opinion à un moment donné. De la salive coulera encore sous les ponts de Paris et d’ailleurs.
«Pour départager les deux finalistes du PS, Nicolas Sarkozy ne peut pas compter sur leurs différences de programme. On l’a encore constaté lors du débat de mercredi soir, rien ne sépare François Hollande de Martine Aubry sur le fond», remarque le politologue Jean Chiche, chercheur au CEVIPOF (Sciences-Po) à Paris qui poursuit: «Son choix reposerait donc sur la personnalité. Nul doute qu’il serait plus à l’aise face à Martine Aubry et à son attitude rigide. Il n’aurait guère de peine à brocarder la Dame des 35 heures. Tout en étant une personnalité forte, François Hollande incarne l’exact opposé de Sarkozy. Son style de présidence ne sera pas celui, vibrionnant et polémiquant, de l’actuel chef de l’Etat. Or, un grand nombre de Français rejettent cet aspect. Par son côté apaisant et rassembleur, Hollande peut les séduire».
L’avis de Nicolas Sarkozy
Selon les journalistes Hervé Algalarrondo et Carole Barjon, du Nouvel Observateur, le président Sarkozy disait grand bien de Hollande lorsque Dominique Strauss-Kahn crevait le plafond des sondages. Depuis le naufrage de DSK et l’envolée de François Hollande, changement complet de propos. Le président de la Corrèze est, à en croire celui de la France, «solide comme du sucre qui fond».
En le dénigrant ainsi, Sarkozy montre qu’il craint Hollande tout particulièrement. Blogueur et partisan d’Arnaud Montebourg, Pierre-Alain Reynaud est d’un avis opposé. C’est Martine Aubry qui, selon lui, dispose des meilleures armes: «Sarkozy est (…) un candidat capable d’argumenter et manipuler et qui, in fine, ne se laisse jamais abattre. A l’inverse, Hollande n’est pas bien persuasif, ni convainquant. (…) Quant à Martine Aubry, elle est très capable de tenir tête à Sarkozy et même de le renvoyer souvent dans les cordes».
Quel que soit le candidat du PS, l’actuel président et les commentateurs tombent d’accord sur ce constat, la présidentielle se jouera sur le fil.