Les portes de l’entrepôt frigorifique où repose le corps du guide déchu dans la banlieue de cette ville martyre de la révolution libyenne sont désormais closes, a indiqué un responsable.
Auparavant, et pour la quatrième journée consécutive, des Libyens avaient défilé devant la dépouille de Mouammar Kadhafi pour s’assurer de la mort de l’homme qui a gouverné d’une main de fer leur pays pendant 42 ans.
Son corps gisait, enveloppé dans une couverture, sur un matelas maculé de sang dans un entrepôt frigorifique de Misrata. A ses côtés reposaient Mouatassim et l’ancien chef des services de renseignement libyens.
Compte tenu des allées et venues incessantes, la réfrigération n’était plus suffisante pour empêcher un début de décomposition des corps.
Les gardiens du lieu avaient décidé de distribuer systématiquement des masques chirurgicaux aux "visiteurs" pour filtrer les effluves. Ils ont recouvert les corps par des bâches en plastique.
Très peu de Libyens s’émeuvent du fait que le guide et son fils ne soient toujours pas inhumés quatre jours après leur décès, comme le veut le rite musulman qui prescrit un enterrement le jour même de la mort, de préférence avant le coucher du soleil.
"S’il avait été un homme bon, nous l’aurions porté en terre. Mais Kadhafi a choisi lui-même sa destinée", explique Salem Chaka, qui s’est rendu lundi devant les corps.
FATWA LIBYENNE
Un autre "visiteur", qui affirme avoir fait 400 km au volant pour voir les corps, a ajouté: "Je suis venu pour m’assurer de sa mort de mes propres yeux (…) Chaque Libyen doit venir le voir".
L’unanimité est loin de prévaloir au sein du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) quant au sort qui sera réservé à la dépouille du guide.
Les chefs du CNT veulent qu’il soit inhumé dans un lieu tenu secret pour éviter que la sépulture ne devienne un lieu de pélerinage pour ses partisans.
La tribu des Kadhafa, à Syrte et dans sa région, a demandé que le corps lui soit remis pour l’enterrer dans sa ville natale.
Dans son testament, Mouammar Kadhafi avait demandé à reposer à Syrte.
"Les opinions divergent", explique un responsable du CNT à Misrata. "Certains veulent qu’il repose dans le cimetière des envahisseurs de Misrata", explique-t-il en se référant à un site situé en dehors de la ville, non loin du littoral, où des centaines de partisans armés de Mouammar Kadhafi ont été enterrés avec un minimum de respect et de dignité.
"D’autres souhaitent que le corps soit rendu à sa tribu".
Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a annoncé de son côté que cette instance avait mis en place un comité chargé de décider du sort à réserver au corps du guide dans le respect, a-t-il précisé, des recommandations des autorités religieuses du pays.
D’après l’agence de presse officielle égyptienne Mena, le Bureau libyen des "fatwas" (décrets religieux), avait déclaré que Mouammar Kadhafi n’était pas un musulman parce qu’il avait violé les préceptes de Mahomet et ne devrait donc pas avoir droit à des obsèques selon le rite islamique.