"Nous allons accélérer la formation du nouveau gouvernement. Cela prendra entre une semaine et dix jours", a déclaré Hamadi Jbeli lors d’une conférence de presse à Tunis.
Le secrétaire général d’Ennahda, pressenti pour devenir Premier ministre du futur gouvernement, a ajouté que des discussions étaient déjà en cours avec de possibles partenaires de gouvernement.
A l’Assemblée constituante, le Congrès pour la république, de Moncef Marzouki, ex-opposant au régime de Zine ben Ali qui a longtemps vécu en France, arrive en deuxième place avec 30 sièges.
L’Ettakatol, autre formation laïque de centre-gauche dirigée par Moustafa ben Jaafar, a remporté elle 21 élus.
Sur le plan économique, les islamistes d’Ennahda se sont engagés à poursuivre une politique de libéralisation, encourageant les introductions en Bourse et envisageant de rendre le dinar tunisien convertible, une évolution qui favoriserait les investissements étrangers.
Les femmes son tlibres de porter ou non le voile
La proclamation des résultats, tard jeudi soir, par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), a confirmé les tendances qui se dessinaient largement depuis le vote historique de dimanche, premier scrutin démocratique suivant les bouleversements du "printemps arabe".
Ennahda (Renaissance), qui se réclame d’un islam modéré, est arrivée en tête des élections constituantes avec 90 des 217 sièges en jeu. Insuffisant pour gouverner seul.
Face à l’inquiétude que suscite leur arrivée au pouvoir, les islamistes tunisiens ont multiplié les propos rassurants, disant notamment vouloir associer la quasi-totalité des partis politiques mais aussi les organisations de la société civile ou les syndicats aux consultations à venir sur les futures institutions du pays.
"Nous sommes prêts à une coalition avec tous les partis qui ont été dans l’opposition à Ben Ali, peu importe leur idéologie", redit Rachid Ghannouchi, chef de file du parti islamiste, dans une interview que publie en France Le Monde daté de samedi.
La seule exception concerne la Pétition populaire, dont les listes financées par l’homme d’affaires Hachemi Hamdi, qui vit à Londres, ont créé la surprise et dont l’annulation des résultats obtenus dans six districts électoraux a provoqué de violents incidents à Sidi Bouzid, d’où est partie en décembre la "révolution du jasmin". (voir
"Nous excluons Hachemi Hamdi parce qu’il a été un allié de la dictature", explique Ghannouchi dans les colonnes du Monde.
Lors d’une conférence de presse à Tunis, Rachid Ghannouchi, qui ne brigue pour lui-même pas de poste officielle dans la Tunisie post-Ben Ali, a indiqué vendredi que le futur gouvernement intégrerait des femmes, "qu’elles portent ou non le voile".
Il a également annoncé qu’Ennahda n’avait pas l’intention de modifier le mode de vie des Tunisiens.
"Toutes les tentatives dans des pays arabes visant à forcer les femmes à porter le hidjab ont échoué et produit le résultat inverse", a-t-il dit. "Ennahda ne changera pas le mode de vie (…) Il reviendra aux femmes tunisiennes de décider."
la présidence, poste honorifique
Dans une interview accordée à l’agence Reuters, il laisse entendre que des ministres du gouvernement de transition actuel pourraient être reconduits dans la nouvelle équipe et que la présidence tunisienne, un poste honorifique, pourrait être attribuée à un représentant d’un parti allié.
"Nous avons confiance dans plusieurs ministres qui sont honnêtes et qui ont bien mené leurs missions dans des secteurs stratégiques. Nous ne voyons pas de raison de nous en séparer, mais cela dépendra de nos discussions avec nos partenaires", a-t-il dit.
"Nous n’avons pas de candidat pour la présidence de la république. Nous soutiendrons un de nos partenaires comme Moustafa ben Jaafar ou Moncef Marzouki, mais cela pourrait aussi être une personnalité indépendante", a-t-il ajouté.
Dans la semaine, Ennahda avait laissé entendre que le poste pourrait être confié à l’actuel Premier ministre, Beji Caïd Essebsi, une figure de l’indépendance.
Rachid Ghannouchi a également prôné une poursuite de la politique économique libérale.
"Nous avons un programme économique libérale qui encourage l’investissement et les introductions en Bourse. Nous nous engageons à faire émerger un climat qui soit loin de toute corruption et qui permette de protéger les intérêts des investisseurs", dit-il.
"Nous sommes favorables à la convertibilité du dinar tunisien", ajoute-t-il sans s’avancer à ce stade sur un calendrier: "Nos experts vont fournir les clarifications sur ce point."