Mais sa réélection protège les acquis de son premier mandat, notamment la réforme de santé, qui doit entrer en vigueur en 2014 et que le candidat républicain Mitt Romney avait promis d’abroger.
Il n’y aura cependant pas de nouvelle lune de miel pour le président sortant et les républicains ne lui feront pas de cadeau. Si Barack Obama ne parvient pas à surmonter l’impasse au Congrès autour de la réduction du déficit fédéral, son second mandat sera réduit à des menaces de veto et des promesses vides. Ce sera son premier chantier, afin d’éviter le "mur budgétaire" ("fiscal bluff"), c’est-à-dire le déclenchement automatique de coupes budgétaires et hausses d’impô ts prévu au 1er janvier en cas d’échec des négociations. L’objectif est de parvenir, en 2013, à un accord de plus grande portée sur la réduction de la dette.
A l’occasion de ce nouveau mandat de quatre ans, Barack Obama, 51 ans, veut augmenter les impô ts pour les foyers gagnant plus de 250.000 dollars par an. Il doit également s’attaquer à la réforme de l’immigration. Parmi ses autres défis figure la relance de la croissance, qui stagne actuellement à 2% du produit intérieur brut (PIB) en rythme annualisé, et la baisse du chô mage, repassé sous la barre des 8% en septembre pour la première fois depuis janvier 2009 mais qui frappe toujours à 7,9% de la population active. Quelque 23 millions d’Américains sont soit chô meurs, soit employés à temps partiel non choisi, soit dans un poste qui ne leur convient pas, soit ont renoncé à chercher un travail.
Une donne inchangée au Capitole
Si une majorité d’électeurs l’ont maintenu à la Maison Blanche malgré leur déception, c’est parce qu’ils lui faisaient davantage confiance qu’à Mitt Romney pour régler les problèmes du pays. Pour autant, ils n’ont pas modifié la donne à Washington, reconduisant les mêmes équipes qui ont mené le pays dans l’impasse au Capitole, le siège du Parlement fédéral à Washington.
"Reconnaître que nous avons des espoirs et des rêves communs ne nous sortira pas des impasses, ne résoudra pas tous nos problèmes et ne remplacera pas la difficile tâche de forger le consensus. Mais ce point commun doit être notre point de départ", a déclaré le président réélu dans son discours de victoire à Chicago. "Malgré nos différences, la plupart d’entre nous partagent certains espoirs pour l’avenir de l’Amérique", a-t-il ajouté, citant l’éducation, l’emploi, la dette et l’immigration.
Le président va être confronté à une Chambre des représentants dominée par les républicains, dont le président, John Boehner, a déclaré le soir de l’élection que son parti avait lui aussi reçu des consignes des électeurs: pas de hausses d’impô ts. Sa réforme de santé sera protégée par la courte majorité des démocrates au Sénat. Mais cela ne sera pas suffisant pour empêcher les républicains de multiplier les manoeuvres pour bloquer tout autre texte majeur.
Ce sera donc au locataire de la Maison Blanche de négocier des compromis. Si Barack Obama bénéficie du soutien d’au moins 303 grands électeurs, contre 206 pour son adversaire, les électeurs ne lui ont pas délivré un blanc-seing: après décompte de 94% des bulletins, le président sortant a recueilli 50% des suffrages, soit 58 millions, contre 48% pour Mitt Romney (56 millions).
"Les électeurs n’ont pas approuvé les échecs et excès du premier mandat du président", a commenté le chef de file des républicains au Sénat, Mitch McConnell. "Ils lui ont simplement donné davantage de temps pour finir ce qu’ils lui avaient demandé de faire" avec un Congrès équilibré, a-t-il poursuivi.
"Dans un tel moment, nous ne pouvons pas prendre le risque des querelles partisanes et de la posture politique", a de son cô té souligné Mitt Romney, au terme d’une campagne justement marquée par de telles querelles. "Nos dirigeants doivent se tendre la main afin de travailler pour la population."
Une victoire malgré…
Quoi qu’il en soit, Barack Obama peut être soulagé de ne pas rejoindre la liste des présidents n’ayant effectué qu’un seul mandat. Il l’a ainsi emporté malgré une économie au ralenti. Il l’a emporté malgré le taux de chô mage le plus élevé depuis le mandat de Franklin Roosevelt et la grande dépression de 1930. Il l’a emporté alors même que les électeurs considéraient Mitt Romney comme le plus à même de mettre fin à l’impasse à Washington. Il l’a emporté alors qu’une immense majorité d’électeurs considéraient que leur vie ne s’est pas améliorée en quatre ans.
Mais les électeurs ont considéré que Barack Obama était le mieux placé pour comprendre les problèmes de coût des études universitaires ou des assurances. Selon les sondages effectués à la sortie des urnes, les Américains voient le président sortant comme la voix des plus pauvres et de la classe moyenne, alors que Mitt Romney, multi-millionnaire, était perçu comme le candidat des riches.
Pour Bernadette Hatcher, une habitante d’Indianapolis (Indiana), "on ne peut pas tout corriger en quatre ans". "Particulièrement en économie", a ajouté cette femme de 42 ans.
Mitt Romney a fait valoir ses succès d’hommes d’affaires et de gouverneur du Massachusetts, mais la mayonnaise n’a pas pris. "Je n’ai pas eu l’impression d’avoir les réponses que je voulais ou que j’avais besoin d’entendre", a confié Tamara Johnson, 35 ans et mère de deux enfants. "C’est pour cette raison que je n’ai pas choisi cette voie", ajoute cette habitante de Caroline du Nord.