La tragédie s’est déroulée à l’issue d’une rencontre qui s’est soldée par la victoire inattendue 3-1 du club d’Al-Masry, à Port Saïd, contre celui d’Al-Ahly au Caire. Des fans ont alors envahi la pelouse. Des militants égyptiens ont accusé la police et l’armée de ne pas être intervenues pour faire cesser le carnage.
Jeudi matin, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés sur la place Tahrir, épicentre du soulèvement qui avait abouti il y a un an à la chute du président Hosni Moubarak. D’autres ont bloqué la rue située en face de l’immeuble de la télévision publique dans le centre-ville. Des marches sont prévues dans la journée jusqu’au ministère de l’Intérieur.
Selon des témoins, des supporteurs d’Al-Masry, armés de couteaux, de bâtons et de pierres, ont chassé de la pelouse les joueurs et les fans du club rival qui se sont précipités vers les sorties et les tribunes pour tenter de leur échapper. Ahmed Ghaffar, un supporteur du club de la capitale a rapporté que "des couches de gens" s’étaient retrouvés coincés dans un couloir étroit. "Il n’y avait pas d’autre sortie", a-t-il twitté jeudi. "Nous avions deux solutions: la mort qui arrivait derrière nous ou des portes fermées".
Un responsable du ministère de la Santé, Hisham Sheha, a précisé que des victimes avaient été poignardées avec des objets tranchants. D’autres ont succombé à des hémorragies cérébrales et à des commotions. "Toutes celles qui ont été emmenées dans les hô pitaux étaient déjà mortes", a-t-il déclaré à la télévision d’Etat.
Un homme a raconté avoir entendu des tirs dans le stade, tandis qu’un parlementaire des Frères musulmans affirmait que la police n’avait rien fait pour empêcher que des gens n’entrent dans le stade avec des couteaux. Certains hommes ont secouru un entraîneur de l’équipe perdante alors qu’il était frappé. Des officiers de police sont restés sans réaction, visiblement dépassés par les événements.
Selon le ministère de l’Intérieur, 74 personnes ont été tuées, dont un officier de police, et 248 autres blessées, dont 14 membres des forces de l’ordre. Quarante-sept personnes ont été arrêtées pour leur implication dans les violences. Il s’agissait des incidents les plus meurtriers dans un stade depuis 1996.
Plusieurs partis politiques ont appelé le Parlement égyptien à approuver une motion de défiance à l’égard du gouvernement de Kamal el-Ganzouri, nommé par le Conseil militaire au pouvoir. Le Premier ministre a convoqué un conseil des ministres d’urgence jeudi matin.
L’élément déclencheur des incidents reste un mystère, la plupart des assaillants étant des supporteurs de l’équipe gagnante. Le mouvement du 6-Avril, qui avait participé au soulèvement contre Moubarak, a accusé l’armée d’avoir collaboré aux violences.