C’est la deuxième fois en moins de dix jours que des eurodéputés montent au créneau pour appeler à un siège unique du Parlement à Bruxelles, motivant leur demande par des raisons d’efficacité et d’économie.
Le coût des déplacements mensuels entre les deux sièges du Parlement européen (Bruxelles et Strasbourg) est estimé à 180 millions d’euros par an. S’y ajoutent d’autres frais comme la perte d’heures de travail, les frais supplémentaires pour le personnel et les frais de déplacements des députés, ont-ils déploré.
Pour les députés mécontents de la dispersion du parlement européen sur trois lieux de travail, le Parlement serait plus efficace et plus rationnel au niveau des coûts s’il siégeait en un seul lieu. Ils demandent donc à l’administration du Parlement de procéder à une analyse des économies qui pourraient être réalisées si le Parlement n’avait qu’un seul lieu de travail ou, à tout le moins, cesse ce déménagement mensuel.
A l’initiative du député libéral allemand, Alexander Alvaro, la commission des budgets du Parlement européen a approuvé hier jeudi un texte, non juridiquement contraignant, qui propose de modifier les traités européens stipulant que le siège du Parlement européen est à Strasbourg.
Ce rapport pour avis de l’eurodéputé allemand insiste particulièrement sur le volet financier de ce dossier polémique. Mais au-delà de cet aspect pragmatique, Alexander Alvaro souligne aussi l’exigence démocratique de cette démarche.
Il note que le Parlement européen a émis de nombreux votes à la majorité des trois-quarts en vue de mettre fin à cette dispersion et souligne qu’il est un moment où la voix des députés doit être entendue alors qu’on débat du siège de leur propre institution.
Le parlementaire européen membre du Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) se demande également si la pétition réunissant plus d’un million de signatures appelant à un siège unique du Parlement européen ne montre-t-elle pas que c’est aussi le souhait des citoyens.
Mi-septembre, l’eurodéputé britannique Ashley Fox du Groupe des Conservateurs et Réformistes européens et le Vert allemand Gerald Hafner, deux partisans du siège unique à Bruxelles, avaient présenté eux aussi un projet de rapport réclamant le droit pour l’assemblée de décider où et quand elle se réunit.
De telles initiatives suscitent souvent de vives réactions de la part des partisans du siège strasbourgeois du Parlement européen qui estiment que le fait de cibler en permanence le siège de Strasbourg, revient à remettre en cause l’équilibre institutionnel de l’Union européenne. Car, pour eux, une Europe centralisée serait contraire au principe même d’une ‘Europe unie dans sa diversité », qui est la devise de l’Union européenne.
En effet, la construction européenne s’est réalisée sur le principe de trois villes hôtes d’institutions, jouant chacune un rôle nécessaire et indispensable. Aux côtés de Bruxelles et Luxembourg qui incarnent respectivement le pouvoir exécutif et judiciaire de l’Union européenne, Strasbourg est le siège du pouvoir législatif.
La bataille du siège du Parlement européen qui dure depuis plusieurs années est un serpent de mer de la politique européenne. A chaque fois qu’une résolution anti-Strasbourg est votée au Parlement, le gouvernement français fait appel devant la Cour européenne de justice (CEJ) et obtient gain de cause.
