Venezuela: le bras droit de Guaido arrêté par les services de renseignement

L’opposant vénézuélien Juan Guaido, président par intérim autoproclamé, a dénoncé une manoeuvre "vile" et prévenu qu’il ne se laisserait pas intimider après l’arrestation nocturne, jeudi, de son chef de cabinet, vivement condamnée à l’étranger.

"Ils ont arrêté Roberto Marrero, mon chef de cabinet, en l’accusant de détenir deux fusils et une grenade déposés (intentionnellement chez lui). L’arrestation s’est produite à 02H00 du matin environ (06H00 GMT)", a annoncé sur Twitter M. Guaido, engagé dans un bras de fer avec le chef de l’Etat en exercice Nicolas Maduro depuis deux mois.

"Ils veulent m’intimider ? Mais il ne peuvent pas aller tous nous chercher. Ils veulent venir me prendre ? Qu’ils viennent (mais) ils ne pourront nous dévier de la route que nous sommes en train de tracer" a déclaré à la presse M. Guaido, qualifiant l’arrestation de Roberto Marrerro de "vile" et de "grossière"

Pour lui, le gouvernement de M. Maduro essaie d’instiller "la peur" dans les rangs de l’opposition et expose sa "faiblesse" en agissant ainsi.

Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale dominée par l’opposition, avait lui-même été arrêté par les services de renseignement vénézuéliens (Sebin) le 13 janvier lors d’une opération spectaculaire en pleine autoroute, avant d’être relâché une heure après.

Condamnations

L’arrestation brutale de M. Marrer a été aussitôt condamnée par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo: "Nous appelons à sa libération immédiate. Ceux qui le retiennent devront rendre des comptes", a-t-il mis en garde via Twitter.

L’Union européenne a également appelé à une "libération immédiate et inconditionnelle" de l’opposant et l’ONU a invité à "empêcher toute escalade" de la tension: "Nous renouvelons notre appel à ce que tous les acteurs au Venezuela prennent des mesures immédiates pour apaiser les tensions", a déclaré un porte-parole à New York.

M. Marrero, avocat de profession, a été arrêté lors d’une opération du Sebin à son domicile ainsi qu’à celui, non loin de là, du député d’opposition Sergio Vergara dans le quartier résidentiel de Las Mercedes à Caracas.

Lors de son arrestation, Roberto Marrero "a crié que (les membres du Sebin) avaient déposé chez lui deux fusils et une grenade. Ils l’ont emmené et je lui ai dit de rester fort", a déclaré M. Vergara à la presse.

Selon le député, une quinzaine d’agents l’ont jeté au sol et ont "visité" sa maison, puis l’ont interrogé sur le domicile de Roberto Marrero. Au cours de cette opération, qui a duré deux heures selon lui, deux procureurs étaient présents, a-t-il ajouté.

"Ils ont commencé à enfoncer (l’entrée de) la maison de Roberto Marrero, qui se trouve à quelques mètres de la mienne, jusqu’à ce qu’ils réussissent à entrer", a-t-il déclaré. Un chauffeur qui travaille pour le Parlement a également été arrêté.

"Depuis, la dictature retient ces deux citoyens", a conclu M. Vergara.

Juan Guaido s’est rendu jeudi matin au domicile de son collaborateur, une maison aux murs blancs. Au niveau de la porte d’entrée, le mur était abîmé et l’intérieur de la maison était sens dessus dessous, a constaté l’AFP.

"Toutes les options"

Cette arrestation intervient alors que le Venezuela est plongé dans une profonde crise politique depuis que M. Guaido s’est proclamé président par intérim le 23 janvier, en contestant la régularité de la réélection de M. Maduro, entachée de fraudes selon lui.

M. Guaido a plusieurs fois affirmé qu’il était prêt à autoriser une intervention militaire étrangère.

Le président américain Donald Trump a réitéré mardi que "toutes les options" étaient examinées pour faire partir Nicolas Maduro du pouvoir. "C’est honteux ce qui se passe au Venezuela –l’endettement et la destruction et la famine", a-t-il ajouté.

Il s’exprimait en présence de son homologue brésilien Jair Bolsonaro, en visite à la Maison Blanche, qui soutient la campagne de pression américaine contre le socialiste Maduro.

Washington impose au Venezuela des sanctions économiques et a décrété un embargo sur le pétrole, exportation cruciale pour l’économie du pays, qui doit entrer en vigueur le 28 avril.

D’autres sacntions visent la compagnie minière d’Etat vénézuélienne Minerven ainsi que son président, et près de 300 proches et bénéficiaires du régime qui sont privés de visa.

L’ONG de défense des droits de l’Homme Foro Penal a décompté cette semaine 866 personnes détenues pour des raisons politiques au Venezuela et sans jugement pour la plupart.

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