Venezuela: le 1er exportateur de pétrole d’Amérique latine en crise

Le Venezuela, où le président Nicolas Maduro brigue un nouveau mandat dimanche lors d’une présidentielle anticipée non reconnue par une partie de la communauté internationale, est le premier exportateur de pétrole d’Amérique latine, plongé dans une grave crise politique et économique.

Élu président en 1999, Hugo Chavez lance une "révolution bolivarienne", du nom du leader de l’indépendance Simon Bolivar. Il bâtit sa popularité sur de nombreux programmes sociaux dans un pays aux inégalités criantes, avec un style de gouvernement alliant gauchisme et militarisme. Elu pour un troisième mandat en 2012, il meurt d’un cancer l’année suivante.

Son dauphin Nicolas Maduro lui succède et devient rapidement impopulaire alors que le pays traverse une grave crise économique, générant de violentes manifestations en 2014 (43 morts).

En janvier 2016, la coalition d’opposition "Plateforme pour l’unité démocratique" (MUD) devient majoritaire au Parlement, dont la Cour suprême annule tous les votes. Des manifestations exigeant le départ de Maduro s’enchaînent pendant quatre mois en 2017, faisant 125 morts.

Maduro décide l’élection d’une assemblée qui rédigera une nouvelle Constitution, une manoeuvre pour conserver le pouvoir selon l’opposition, qui boycotte ce scrutin en juillet 2017.

L’Union européenne, les États-Unis et plusieurs pays latino-américains ne reconnaissent pas la Constituante et demandent le report ou la suspension de la présidentielle de dimanche.

Ce pays des Caraïbes de 916.445 km2 et 31 millions d’habitants est l’un des deux membres latino-américains de l’OPEP. Il abrite 302,25 milliards de barils de réserves prouvées, les premières au monde.

La production de pétrole "s’est effondrée de 50%" en un an et demi selon le FMI, faute de liquidités pour moderniser les champs pétroliers. Elle s’est établie à 1,5 million de barils par jour en avril selon l’OPEP, au plus bas depuis trois décennies.

Touché par l’effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d’un manque de devises qui l’a plongé dans une crise aiguë, poussant des centaines de milliers d’habitants à l’exil.

En cinq ans le PIB a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13.800%.

En novembre 2017, le Venezuela et la compagnie pétrolière nationale PDVSA ont été déclarés en défaut partiel par plusieurs agences de notation.

Maduro soutient que cette situation est la conséquence d’une "guerre économique" livrée par la droite et les Etats-Unis pour le renverser.

Depuis janvier, le salaire minimum mensuel a été augmenté trois fois, pour atteindre 2,56 millions de bolivars (37 dollars au taux de change officiel, 3,2 dollars au marché noir).

La population est confrontée à une pénurie de médicaments. Les Vénézuéliens connaissent aussi des coupures d’électricité et d’eau.

Le taux de pauvreté, cheval de bataille de la "révolution bolivarienne", est tombé aux alentours de 23% selon le régime. Mais une enquête des principales universités du pays affirme qu’il s’est envolé à 87%.

Le Venezuela souffre aussi d’une violence endémique, avec un taux d’homicides de 89 pour 100.000 habitantes en 2017 selon l’ONG Observatoire vénézuélien de la violence.

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