Une mission du FMI en Tunisie pour « évaluer l’avancée des réformes »
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) effectuera à compter de vendredi une mission en Tunisie pour « évaluer l’avancée des réformes » dans ce pays confronté à d’importantes difficultés économiques et sociales six ans après sa révolution, a indiqué jeudi l’institution.
Six ans après la chute de la dictature, la Tunisie ne parvient pas à faire redémarrer son économie. L’unique pays rescapé du Printemps arabe a obtenu en mai 2016 une nouvelle ligne de crédit auprès du FMI, d’un montant de 2,9 milliards de dollars sur quatre ans, en échange d’un programme de réformes.
En février, Tunis a toutefois confirmé que le versement de la deuxième tranche d’aide avait été reporté en raison du retard pris dans leur mise en oeuvre.
"Le FMI a vu que les réformes n’avaient pas avancé" et a "voulu reporter le deuxième versement (…) à ce printemps", avait déclaré la ministre des Finances, Lamia Zribi.
Dès son entrée en fonctions l’été dernier, le gouvernement de Youssef Chahed avait prévenu que des mesures de rigueur seraient nécessaires face à la dégradation des comptes publics.
Il a toutefois dû faire des concessions lors de l’élaboration du budget 2017, revenant notamment sur un gel des salaires d’un an dans l’imposante fonction publique, au terme d’un bras de fer avec le puissant syndicat UGTT.
En février, un expert onusien a de son côté mis en garde contre l’austérité dans un pays marqué par de vives tensions sociales.
"Le niveau de la dette publique a atteint un niveau critique" en Tunisie, a relevé Juan Pablo Bohoslavsky au terme de sa mission. Pour autant, Tunis et ses bailleurs de fonds doivent prendre garde aux "mesures d’austérité qui remettraient en cause les droits économiques et sociaux", a-t-il ajouté.
Selon la dernière note de la Banque centrale de Tunisie (BCT) publiée cette semaine, le déficit budgétaire a atteint 6% du PIB en 2016, contre les 3,9% escomptés.
Alors que la croissance a plafonné à 1% cette même année, la BCT table sur une nette accélération en 2017 (de 2,3 à 2,5%).