Réminiscence d’un lointain passé exhumé de ses cendres, ou reflet d’une crispation identitaire très tendance, le recensement des musulmans cristallise la peur de l’invasion, soit à la manière des sarrasins, soit à la mode halal…
Généralement estimé entre 5 à 6 millions, le chiffrage des "musulmans déclarés" de 18 ans à 50 ans a été réévalué à la baisse, soit à 2,1 millions d’individus, selon une récente étude menée conjoitement par l’Institut National des études démographiques (INED), et l’Institut National de la statistique et des études économiques (INSEE).
Insistant sur La notion de "musulmans déclarés" dans cette enquête sur "La diversité des populations en France", parue en octobre sous le titre "Trajectoires et Origines", les sociologues précisent "qu’il s’agit de personnes s’étant déclarées de confession musulmane, quelle que soit leur religiosité et leurs pratiques".
Incluant les personnes converties à l’islam, cette nouvelle photographie de la présence musulmane dans l’Hexagone ne se fonde pas sur les pays d’origine des personnes, ou sur celui de leurs parents, ce qui en fait toute sa singularité.
A la lumière de ce résultat, c’est une autre image qui nous revient en mémoire, tristement symptomatique d’une nation en plein délirium : celui de ce maire UMP de Gussainville, un hameau de la Meuse, qui, galvanisé par le débat putride sur l’identité nationale, déclarait avant de se déchaîner dans une réunion publique en préfecture, que la France était cernée par "10 millions d’arabo-musulmans", lâchant sous les projecteurs "il faut qu’on réagisse, on va se faire bouffer !".