"Le Président de la République envisage, sur proposition du Premier ministre, de nommer M. Roch-Olivier Maistre en qualité de président du Conseil supérieur de l’audiovisuel", a annoncé l’Elysée dans un bref communiqué.
M. Maistre, 63 ans, remplacera à ce poste Olivier Schrameck, dont le mandat s’achève mercredi.
Les commissions des Affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat doivent encore se prononcer sur ce choix, conformément aux statuts du CSA. La nomination de M. Maistre devra être approuvée par ces commissions à la majorité des trois cinquièmes.
M. Maistre, ancien élève de l’ENA, né en novembre 1955 à Meknès (Maroc), est magistrat à la Cour des Comptes où il occupe depuis mai 2018 les fonctions de président de chambre et rapporteur général.
Inconnu du grand public, ce grand commis de l’Etat est un très bon connaisseur de l’univers de la culture et des médias.
Il a démarré sa carrière en 1982 comme chef du bureau du théâtre à la Direction des affaires culturelles de la ville de Paris. Il a également été conseiller au ministère de la Culture, a dirigé la Comédie-Française (de 1993 à 1995) et a présidé le Conseil national du théâtre de 1996 à 2000.
Il a ensuite été conseiller pour l’éducation et la culture à l’Elysée, à l’époque de Jacques Chirac, au début du millénaire, avant d’intégrer en 2005 la Cour des comptes comme conseiller maître. Il a gravi les échelons au sein de cette instance, où il a été nommé l’an dernier président de chambre et rapporteur général.
En plus de ses fonctions à la Cour des comptes, Roch-Olivier Maistre a continué de s’occuper de dossiers culturels et médiatiques : il a notamment été Médiateur du cinéma de 2006 à 2011, et a effectué plusieurs missions, en particulier sur les aides à la presse et sur le projet de création d’un Centre national de la musique.
Nouvelle tête aussi à la Cnil
Sa nomination a déjoué certains pronostics : ces dernières semaines, ce sont plutôt des femmes qui avaient été pressenties pour diriger le CSA, dont Laurence Franceschini, autre haut fonctionnaire spécialiste de la culture, et Isabelle Falque Pierrotin, présidente de la Cnil, l’agence de protection des données, mais cette dernière a finalement été nommée jeudi "garante" du grand débat national.
Le changement de président du CSA intervient à quelques mois de la présentation par le gouvernement d’une vaste réforme de l’audiovisuel, synonymes de changement pour la régulation du secteur.
Attendue au printemps, cette réforme devrait élargir certaines des compétences du CSA aux plateformes en ligne et aux réseaux sociaux, et lui retirer en revanche le pouvoir de nommer les patrons de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France…).
Jeudi, l’actuel président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Olivier Schrameck, nommé en janvier 2013 par François Hollande, avait plaidé en faveur d’une régulation plus souple, et de pouvoirs d’enquête élargis pour l’institution.
Il avait en revanche critiqué l’idée d’une fusion entre le CSA et une autre instance de régulation comme l’Arcep (gendarme des télécoms) ou la Cnil, une hypothèse qui revient régulièrement, plaidant plutôt pour une coopération approfondie entre les autorités publiques.
Créé il y a 30 ans, le Conseil supérieur de l’audiovisuel est le régulateur de la télévision et de la radio, et exerce de multiples attributions, qui vont de la protection des jeunes téléspectateurs à la nomination des patrons des entreprises de l’audiovisuel public.
Son collège comprend sept membres, dont un président nommé par le chef de l’Etat. Les autres "sages" sont désignés par les dirigeants de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Outre M. Schrameck, deux conseillères du CSA arriveront au terme de leur mandat la semaine prochaine : Sylvie Pierre-Brossolette, qui va être remplacée par Michèle Léridon, directrice de l’information de l’AFP, et Mémona Hintermann-Afféjee, dont le successeur doit être désigné par le président du Sénat Gérard Larcher.