Le PNAT, qui enquête depuis plusieurs années sur les crimes subis par cette minorité religieuse, a ouvert vendredi une information judiciaire pour "génocides" et "crimes contre l’humanité", réclamant l’inculpation de Sabri Essid pour des faits commis entre 2014 et 2016.
Né en 1984 en France, Essid est le fils d’un compagnon de la mère de Mohamed Merah qui, en mars 2012, avait tué trois soldats, un enseignant et trois enfants dans une école juive de Toulouse (sud-ouest).
Essid était toutefois présumé mort depuis plus d’un an et demi, avait indiqué à l’AFP une source proche du dossier début 2018. Un magazine non officiel de l’organisation État islamique (EI) avait aussi annoncé la mort de ce "demi-frère" de l’auteur des tueries de mars 2012 dans la région toulousaine.
Jusqu’à présent, les jihadistes français faisaient uniquement l’objet de poursuites pour des infractions à caractère terroriste. Des associations, dont la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), avaient réclamé un élargissement aux soupçons de crimes contre l’humanité.
Des juges d’instruction du pôle spécialisé "crimes contre l’humanité" du tribunal de Paris vont désormais poursuivre les investigations. Faute de preuve de la mort d’Essid, un procès pourrait tout de même avoir lieu, offrant à des victimes yazidis la possibilité de se porter partie civile.
En août 2014, des jihadistes de l’EI avaient envahi le mont Sinjar, fief de cette minorité religieuse kurdophone dans le nord de l’Irak, tuant des milliers d’entre eux et enlevant des milliers de femmes et d’adolescentes, pour les réduire à l’état d’esclaves sexuelles.
Au printemps 2014, Essid était parti rejoindre l’EI en Syrie. Il avait été reconnu en mars 2015 sur une vidéo diffusée par l’EI, où on le voit en compagnie de son beau-fils âgé d’une douzaine d’années qui tue d’une balle dans le front un Palestinien présenté comme un espion.
Sabri Essid avait précédemment été intercepté en 2006 par l’armée syrienne avec une autre figure du jihadisme français issu de la filière du sud-ouest de la France, Thomas Barnouin, alors qu’ils se rendaient en Irak pour prendre part au jihad contre la coalition internationale.
Remis à la France, ils avaient été condamnés en 2009 à cinq ans de prison, aux côtés d’autre figures de cette filière, reparties pour le jihad à leur sortie de prison, notamment les frères Clain, voix de la revendication des attentats du 13 Novembre 2015 et présumés morts.