Un ex-otage français en Syrie dit que l’accusé de la fusillade de Bruxelles a été son geôlier

Un ex-otage français en Syrie, le journaliste Nicolas Hénin, a révélé samedi que Mehdi Nemmouche, le jihadiste français auteur présumé de la fusillade au Musée juif de Bruxelles, avait été l’un de ses geôliers pendant sa détention.

L’information a été recueillie, selon une source policière, lorsque les quatre journalistes français otages en Syrie libérés en avril – Nicolas Hénin, Pierre Torrès, Didier François et Édouard Élias- ont reconnu Nemmouche sur des photos après son arrestation fin mai.

Elle devait rester secrète, mais l’hebdomadaire Le Point, employeur de Nicolas Hénin, a publié des extraits de son témoignage "glaçant" après que Le Monde a révélé que Nemmouche "aurait été l’un des geôliers des otages occidentaux détenus" en Syrie par l’Etat Islamique (EI).

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, sans entrer dans les détails, a confirmé que les services avaient "transmis à la justice des éléments laissant à penser qu’il (Nemmouche) aurait pu être le geôlier de nos otages" dès que les autorités ont été en possession de ces informations.

"C’est à la justice de faire son travail. Ce funeste personnage doit être jugé, il le sera," a poursuivi le ministre.

Nemmouche, 29 ans, est actuellement détenu en Belgique, où il a été inculpé, soupçonné de quatre assassinats commis le 24 mai au nom du jihad au Musée juif de Bruxelles.

Arrêté en possession d’armes, d’un "drap" marqué d’un sigle Etat Islamique (EI) et d’un film évoquant la tuerie du musée juif lors d’un contrôle de routine à Marseille le 30 mai, ce Français d’origine algérienne, parti faire le jihad en Syrie au sein de l’EI, a été remis fin juillet à la justice belge par la France.

– "Paumé et pervers" –

Dans les premiers extraits de son témoignage, Nicolas Hénin décrit un Nemmouche "membre d’un petit groupe de Français dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines. Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j’avais moi-même été interrogé". "La torture durait toute la nuit, jusqu’à la prière de l’aube. Aux hurlements des prisonniers répondaient parfois des glapissements en français", ajoute-t-il.

"Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait", écrit le journaliste, dont le récit évoque selon Le Point un geôlier "égocentrique et affabulateur pour qui le jihad n’est finalement qu’un prétexte pour assouvir sa soif maladive de notoriété. Un jeune homme paumé et pervers".

Marie-Laure Ingouf, avocate de Nicolas Hénin, a confirmé à l’AFP que "Nemmouche était un de ses geôliers". "Tous les otages le confirment. Ils ont vécu avec lui pendant plusieurs mois," a-t-elle dit.

Le tueur présumé du musée juif de Bruxelles s’est "occupé" du journaliste entre juillet et décembre 2013, selon Le Point.

Peu après la libération des quatre journalistes français, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait indiqué que certains de leurs geôliers s’exprimaient en français.

Des centaines d’Occidentaux sont partis faire le jihad en Syrie. Les assassins masqués des deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff s’expriment par exemple sur les vidéos de leurs décapitations avec des accents londoniens.

Mehdi Nemmouche, qui garde le silence sur les faits qui lui sont reprochés, doit comparaître le 12 septembre devant la chambre du Conseil de Bruxelles. Cette juridiction d’instruction doit décider de prolonger ou non sa détention préventive, selon son avocat belge, Me Henri Laquay.

En France, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris, en 2013, pour "enlèvement et séquestration en relation avec une entreprise terroriste" suite à l’enlèvement des journalistes français en Syrie. Une autre l’a été après l’arrestation de Mehdi Nemmouche pour "assassinat, tentative d’assassinat, détention et transport d’arme en lien avec une entreprise terroriste".

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