UE : le sommet sur les postes clés dans l’impasse

Les dirigeants européens étaient réunis dimanche soir à Bruxelles pour un sommet consacré aux nominations des postes clés de l’UE mais une proposition de compromis a été déclarée pour morte, laissant augurer une longue nuit de discussions.

Une solution qui avait émergé ces derniers jours a suscité une telle levée de boucliers parmi les dirigeants de la droite européenne (PPE) qu’elle a été abandonnée.

Signe des tensions, le sommet, où les dirigeants européens ont été privés de téléphone portable, a commencé avec environ trois heures de retard. En outre, il a été suspendu une heure et demie plus tard pour de nouvelles discussions bilatérales, selon le porte-parole du président du Conseil Donald Tusk.

– Merkel vivement critiquée –

L’option Timmermans, du nom du Néerlandais Frans Timmermans, actuel commissaire européen et prétendant des sociaux-démocrates, avait été suggérée après le rejet du candidat du parti arrivé en tête aux européennes, l’Allemand Manfred Weber du PPE, lors du sommet des 20-21 juin.

En échange, il aurait fallu que M. Weber obtienne la présidence du Parlement européen (ce qui impliquait un soutien des élus socialistes et libéraux) et qu’un autre membre du PPE obtienne la présidence du Conseil (cénacle des 28 dirigeants de l’UE).

Cette option avait été largement discutée par les dirigeants européens lors d’un G20 vendredi et samedi à Osaka et la chancelière allemande Angela Merkel avait semblé avoir définitivement accepté de ne pas voir nommer son compatriote pour succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

Mais les libéraux ont réclamé pour eux à Osaka la présidence du Conseil, ce que Merkel a accepté, au grand dam du PPE qui l’ont vivement critiquée lors d’une réunion interne à Bruxelles avant le sommet.

"L’accord a été détruit", a déploré dimanche auprès de l’AFP un responsable du PPE, sous couvert de l’anonymat.

"Le PPE refuse l’accord qui est proposé. Il est mort. Il n’y aura pas d’accord ce soir", a affirmé à l’AFP ce même responsable à l’issue de cette réunion.

"Aucun des dirigeants du PPE n’a accepté l’accord qui a été négocié à Osaka", a confirmé le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, membre du PPE.

La crise entre Merkel et le PPE n’avait pas été anticipée, il y a eu un manque de communication, a indiqué à l’AFP une source française qui prédisait une nuit blanche.

Désormais, le PPE revendique à nouveau la présidence de la Commission européenne et veut y nommer son prétendant Manfred Weber. "Le nom de Weber est toujours sur la table", a assuré Leo Varadkar.

"Le PPE en tant que parti a remporté les élections et doit obtenir la présidence de la Commission européenne", a soutenu son homologue croate Andrej Plenković. "Le PPE ne proposera pas d’autre candidat ce soir", a-t-il ajouté.

– Combien de sommets ? –

Des sources au sein du PPE évoquaient déjà un nouveau sommet le 15 juillet mais un diplomate de haut rang estimait qu’on en n’était "pas encore là".

En outre, quatre pays d’Europe de l’Est, dit groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), sont ouvertement hostiles à M. Timmermans, qui a lancé des procédures pour violation de l’Etat de droit contre Budapest et Varsovie.

A son arrivée au Sommet, Mme Merkel avait annoncé s’attendre à une réunion difficile.

Le PPE tient la clef de ces nominations. Aucune solution ne peut être avalisée sans le soutien de cette famille politique, car aucune majorité n’est possible sans les votes de son groupe.

En cas d’échec du sommet, l’élection du président du Parlement européen devrait en tous les cas avoir lieu le 3 juillet à Strasbourg. Ce poste est une autre pièce du puzzle, avec la présidence de la Banque centrale européenne et le Haut représentant de la diplomatie européenne.

"Le choix du président du Parlement est totalement indépendant (…) Nous élirons notre président le 3 juillet quel que soit le résultat" du sommet, a affirmé dimanche le président du Parlement européen, Antonio Tajani.

Il s’agit du troisième sommet consacré aux partages des postes clés de l’UE, depuis les élections européennes fin mai.

Pour la nomination de M. Juncker en 2014, qui quittera son poste le 31 octobre, il avait fallu trois sommets aux dirigeants de l’UE pour s’entendre sur son nom.

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