Tunisie: un internaute condamné en appel à sept ans et demi de prison pour des caricatures « blasphématoires »
La cour d’appel de Monastir, ville cô tière située à 170 km au sud-est de Tunis, a confirmé la peine infligée en première instance à Jabeur Mejri, âgé d’une trentaine d’années, qui a notamment été reconnu coupable de "trouble à l’ordre public et atteinte à la morale". Les caricatures en cause ont été considérées, y compris par ses défenseurs et ses proches, comme portant atteinte au sacré, mais son avocate a dénoncé un jugement "sévère" et "injuste".
Elle a déploré que la cour n’ait pas accédé à la demande d’expertise médicale du prévenu qui, selon la défense, souffre de "troubles comportementaux". Elle a évoqué à la décharge de son jeune client son "état psychologique et sa situation sociale précaire dû à un chô mage persistant depuis de nombreuses années après un licenciement abusif".
Me Belhaj Hamida, une militante connue des droits de l’Homme, s’est interrogé sur l’absence de poursuites dont bénéficient en revanche "ceux qui appellent au meurtre". Elle faisait allusion aux islamistes radicaux qui, ces derniers mois, ont lancé des appels à tuer les juifs et autres personnalités politiques dont l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi.
En fuite en Europe, un co-accusé Ghazi Béji, jugé dans la même affaire, a écopé de la même peine par contumace.
Ce procès intervient après celui intenté au directeur de la chaîne privée Nessma TV, Nabil Karoui qui a été condamné à une amende pour avoir diffusé le dessin animé franco-iranien "Persépolis" dont une séquence comportant une représentation de Dieu, proscrite dans la religion musulmane.