Tunisie: pour Essebsi, Marzouki est le candidat des islamistes, des extrémistes
Le favori de la présidentielle de dimanche en Tunisie, Béji Caïd Essebsi, a accusé lundi son principal adversaire, le président sortant Moncef Marzouki, d’être le candidat des islamistes et des « salafistes jihadistes ».
"Ceux qui ont voté pour M. Marzouki, c’est les islamistes (…), c’est-à -dire les cadres (du parti islamiste) Ennahda (…). Nous avons aussi avec lui les salafistes jihadistes et nous avons avec lui les ligues de défense de la révolution, qui sont tous des partis violents", a déclaré M. Caïd Essebsi à la radio française RMC, en allusion aux Ligues de protection de la révolution (LPR), un groupe brutal pro-islamiste surtout actif de 2011 à 2013.
M. Caïd Essebsi préside le parti anti-islamiste Nidaa Tounès, qui est arrivé premier, devant Ennahda, aux législatives du 26 octobre.
Ennahda n’a de son côté pas présenté de candidat à la présidentielle de dimanche, mais de nombreux sympathisants du parti ont dit vouloir voter pour M. Marzouki. Ce dernier avait été élu président par la Constituante en 2011, à la faveur d’une alliance avec les islamistes.
Au journaliste qui lui demandait si M. Marzouki était "à la solde des islamistes", M. Caïd Essebsi a répondu "Bien entendu".
Il "a été le président qui a été désigné par Ennahda (…). Je vous dis, tous ces islamistes se sont rangés derrière lui", a-t-il lancé.
Pour le second tour, "malheureusement il va y avoir une coupure en deux, les islamistes d’un côté et puis tous les démocrates et les non-islamistes de l’autre", a-t-il jugé.
L’aversion entre MM. Marzouki et Caïd Essebsi est de notoriété publique. Pour le président sortant, l’ex-Premier ministre, âgé de 87 ans, représente en effet l’ancien régime, M. Caïd Essebsi ayant servi sous le premier président tunisien Habib Bourguiba comme sous Zine El Abidine Ben Ali, renversé par une révolution le 14 janvier 2011.
Moncef Marzouki, militant des droits de l’Homme séculier exilé en France sous Ben Ali, estime avoir empêché le chaos en Tunisie par son alliance avec Ennahda, évitant ainsi une fracture du pays entre "laïcs" et islamistes.