Tunisie/niqab: des salafistes évacués d’une faculté par la police

Un groupe de partisans du port du voile islamique intégral qui faisait un sit-in depuis près de deux mois dans l’enceinte de la faculté des Lettres de la Manouba près de Tunis a été évacué mardi par la police, a indiqué le doyen à l’AFP.

"A ma demande, le procureur de la République s’est déplacé cet après-midi pour constater la situation et les +sit-inneurs+ ont été évacués par la police à 18H30", a déclaré Habib Kazdaghli, doyen de cette faculté située à 25 km de Tunis.

Selon M. Kazdaghli, les manifestants, environ une quinzaine, s’étaient réinstallés dans les locaux de l’administration, occupant le premier étage et le rez-de-chaussée et s’y étaient installés pour passer la nuit.

Cette évacuation intervient au premier jour des examens semestriels, qui ont démarré mardi matin dans une ambiance tendue. Des salafistes ont notamment attaqué les locaux du département d’arabe, cassant la porte, et ont molesté et insulté des enseignants, selon des témoins.

"On a réussi grâce à la fermeté des professeurs le défi d’organiser les examens. La faculté est évacuée, le calme est de retour. Mais le problème ressurgira si ces manifestants ne sont pas poursuivis en justice", a mis en garde M. Kazdaghli.

Depuis le 28 novembre, des groupes d’étudiants et de salafistes, dont certains étrangers à la faculté selon la direction, campaient dans l’enceinte de l’établissement pour réclamer l’autorisation en classe des filles en niqab, un voile recouvrant le corps et le visage. Ils demandaient aussi un lieu de prières sur le campus.

Depuis le début de cette affaire, l’administration et le corps enseignant ont dénoncé l’"inertie" de leur ministère de tutelle dans le gouvernement islamiste.

Dans un discours lundi devant l’Assemblée nationale constituante, le Premier ministre Hamadi Jebali avait déclaré que son gouvernement était déterminé à "faire appliquer la loi" contre les "sit in sauvages", et il avait cité notamment les universités.

La faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba accueille quelque 13.000 étudiants et est réputée comme un bastion de la gauche tunisienne.

Les pressions religieuses se sont accrues ces derniers mois dans les universités. En fin de semaine dernière, des violences ont opposé des étudiants islamistes à leurs camarades de gauche à la faculté des Lettres de Sousse (140 km au sud-est de Tunis), qui avait déjà été le théâtre d’incidents en octobre.

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