Tunisie/avoirs spoliés: la Suisse va procéder à une première restitution limitée
La Suisse va procéder à une première restitution d’avoirs spoliés à la Tunisie, d’un montant limité à 225.000 euros, au titre du recouvrement des fonds détournés sous le régime Ben Ali, ont indiqué mardi des responsables en marge d’un colloque.
Dans le cas de la Tunisie, berceau des Printemps arabes, la Suisse a bloqué dès 2011 quelque 60 millions de francs (55 millions d’euros) du clan de l’ex-président Zine el Abidine Ben Ali.
En 2014, elle avait dit vouloir procéder au remboursement anticipé de plus de la moitié de la somme, mais un recours avait été déposé par les avocats du clan devant le Tribunal pénal fédéral.
Une première restitution, mineure, a finalement été annoncée durant un colloque international sur le sujet qui s’est tenu lundi et mardi à Gammarth, près de Tunis.
"J’ai annoncé la restitution imminente d’à peu près 500.000 dinars (225.000 euros). Je me rends compte que le montant peu paraître modeste mais il est important car il démontre que notre coopération marche lorsque nous nous soutenons", a déclaré à l’AFP l’ambassadrice de Suisse, Rita Adam.
De source tunisienne, cette somme provient d’une société de Sofiene Ben Ali, un neveu de l’ancien dictateur.
"A part le cas du Liban, qui était un peu particulier, c’est la première fois qu’un pays étranger restitue des biens à la Tunisie", a encore souligné Mme Adam.
En outre, si Berne a "bloqué des fonds en Suisse appartenant à des membres de la famille Ben Ali", il s’agit de simple "fonds suspects" et "c’est le travail du juge d’examiner s’ils émanent d’un délit comme la corruption", a noté la diplomate.
En 2013, la Tunisie avait déjà récupéré 28 millions de dollars (25 M EUR) détournés au Liban par le clan Ben Ali.
Avec les 225.000 euros provenant de Suisse, "c’est le bilan de tout ce qui nous a été restitué à ce jour", a indiqué à l’AFP le chargé des contentieux de l’Etat tunisien, Kamel Hedhili.
Or, le montant des avoirs spoliés par l’ancien régime "dépasse largement le milliard de dinars", a-t-il poursuivi.
"La collecte des preuves, les investigations demandent du temps. La justice a commencé à partir de rien. Et les personnes qui volaient l’argent du peuple étaient parrainées par des experts en finance et en droit", a-t-il relevé.
Dans la foulée du Printemps arabe, un "Forum arabe sur le recouvrement des avoirs" (Afar) a été créé en 2012 sur initiative de la présidence américaine du G8.
(Source AFP)